Les saxifrages fortunei ne sont pas comme les autres

Ces petites vivaces surprennent très souvent par leur floraison tardive et originale. On aime aussi leurs feuilles aux teintes différentes sur l’avers et le revers. Et on s’étonne encore quand on apprend qu’il s’agit de saxifrages !

Si on parle de saxifrages on pense d’abord à ces petites plantes alpines qui adorent les roches granitiques ou calcaires et les éboulis de cailloux. Il en existe plusieurs espèces adaptées aux jardins d’altitude qu’on cultive avec succès sur des murets et des rocailles en plein soleil. Mais le genre Saxifraga est très large et compte aussi quelques espèces qui se plaisent sur des terres profondes et ombragées.

Une confusion fréquente sur les noms
On a longtemps considéré la Saxifraga fortunei comme une variété de l’espèce Saxifraga cortusifolia. Or, désormais, les spécialistes estiment qu’il s’agit bien de deux espèces distinctes. Du coup, le nom de certaines nouveautés comme « Cheap Confection » est parfois accolé à S. fortunei et parfois à S. cortusifolia. Pire, certains font mention d’une sous-espèce incisolobata de l’espèce fortunei qui regrouperait de très nombreux hybrides récemment créés. C’est le cas des « Black Ruby » aux feuilles pourpre très foncé, « Cherry Pie » aux fleurs d’un rose tendre, « Asahi » aux pétales incurvés rose foncé. Mais toutes ces variétés, notamment la grande « Wada’s » (40 cm) aux fleurs blanches, « Crystal Pink » aux feuilles panachées de crème et revers rose, « Hannan » aux grandes fleurs aux pétales découpés rose tendre, « Shiranami » aux fleurs doubles et très asymétriques sont bel et bien des Saxifraga fortunei.

Une plante de sous-bois
Ces saxifrages exigent une terre fortement humifère, drainante et fraîche comme c’est souvent le cas sous les ramures de grands arbres caducs. Au jardin, il faut un bon mélange de terre, de terreau de feuilles et de compost qui puisse rester frais même en plein été. Il faut donc les planter à l’ombre ou sous une ombre légère qui les protégera du soleil trop dur de midi à la fin de journée. Les racines des arbres ne les gênent pas. On plante de septembre à novembre et de mars à mai, surtout sans toucher à la motte. Sortez le sujet du godet en douceur et placez-le dans un trou assez large. Tassez autour et arrosez. En région froide, paillez le premier hiver suivant la plantation pour laisser à la plante le temps de s’endurcir. Ensuite, elle sera assez rustique pour résister à -12°C. Si l’hiver est doux, les feuilles sont semi-persistantes. Ailleurs, elles disparaissent en fin d’année et la saxifrage resurgit de terre en mars. Balisez l’endroit pour éviter de le piétiner lorsqu’il n’y a rien d’apparent.

Une floraison tardive de septembre à Noël
Pour ma part, j’ai planté mes premières S. fortunei avec les heuchères, les hostas, les pulmonaires et au pied des érables et rhododendrons. La terre acide, drainante mais enrichie chaque année par un bon terreau de tontes et feuilles leur convient très bien. Elles y trouvent assez de lumière et profitent du soleil encore doux du matin. On apprécie bien sûr la qualité des feuilles arrondies, épaisses à l’aspect presque succulent, lisses, un peu velues et portées par un pétiole souvent assez long. Mais c’est aussi la floraison que j’apprécie parce qu’elle intervient de septembre à décembre (les vivaces fleurissant en novembre et décembre ne sont pas si nombreuses). Ensuite, parce que les fleurs prennent des allures surprenantes et variées selon qu’elles se dressent, étoilées, bien au-dessus des feuilles ou qu’elles se posent sur les feuilles avec des pétales parfois incurvés, plus ou moins découpés, assez longs, parfois doubles, toujours asymétriques dans des teintes délicates. Le choix est particulièrement vaste. Et puis, lorsque ces saxifrages forment des touffes assez denses, on peut les diviser, en avril ou en octobre.

 

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