On est toujours heureux de le voir au milieu d’un chantier ou d’une friche. Il fleurit tout seul, attire de jolis papillons, mais peut aussi… les éradiquer.
Qui l’eut crut ? Cet arbre aux papillons peut, dans certains cas, menacer directement les insectes qu’il attire. L’arbuste salvateur devient alors exterminateur.
Il nourrit les papillons mais pas leurs chenilles
Introduit en France en 1869 par le père David, Buddleia davidii est originaire de Chine. Il a vite séduit au point de compter aujourd’hui plus de 300 cultivars issus de l’espèce type. Certes, ses longues inflorescences (de 20 à 70 cm) couvertes de petites fleurs bleu pâle, mauve, pourpre, vieux rose, blanc, attirent les papillons grâce à leur nectar. En revanche, les feuilles ne nourrissent pas les chenilles de ces papillons alors que des essences locales le faisaient. Résultat : quand l’arbuste se propage, il devient vite invasif, chasse les autres plantes et vient bloquer la reproduction des papillons qu’il attire. Paradoxalement, l’arbre aux papillons peut contribuer très directement à l’extinction des papillons qu’il nourrit.
Il est déjà invasif
Cette menace est réelle uniquement sur les zones ou l’arbuste est dominant. C’est tout de même souvent le cas dans le sud-ouest, le sud-est, par endroits en Bretagne, en Ile-de-France. Et la situation peut rapidement empirer si on n’y prête pas attention.
Jusqu’à 3 millions de graines
En effet, on a tous déjà constaté cette capacité incroyable des buddleias à se ressemer un peu partout sans aucune aide de l’homme. On en voit sur des friches industrielles, au milieu de chantiers en plein centre-ville, sur des bords des voies ferrées et des routes, sur les talus, les berges des rivières, les trottoirs. En réalité, quand l’arbuste fane, des petites capsules beiges se fendent pour libérer les graines ailées qu’elles contiennent. Celles-ci sont emportées parfois très loin et se ressèment sur tous types de sols et expositions. Et comme un seul arbuste peut produire jusqu’à 3 millions de graines on peut, dans certains cas, craindre une prolifération de l’espèce. D’autant que le buddleia est très rustique, très résistant aux fortes chaleurs et aux sécheresses prolongées, et qu’il n’est jamais malade. De plus, il peut fleurir, et donc grainer et ressemer dès la première ou seconde année.
Des cultivars stériles
Le buddleia qui pousse spontanément un peu partout n’est pas toujours l’espèce type. Les hybrides plantés dans les jardins peuvent eux aussi coloniser les alentours. Restez attentifs, surtout si vous êtes dans une région à forte implantation. Mais sachez aussi que désormais les obtenteurs ont sélectionné des nouveautés stériles comme les Buddleia x weyeriana. C’est parfois plus prudent de les privilégier.
Catherine Larenaudie