On est toujours un peu surpris de voir ces grandes agaves sur le littoral atlantique. On l’est encore plus quand elles s’installent en Manche jusque sur les îles anglo-normandes de Jersey et Guernesey. Et on est franchement étonné de les voir dans l’Orléannais.
Une rusticité beaucoup plus forte qu’on l’imagine
Il est vrai que cette grande agave, originaire du Mexique, s’est totalement intégrée au paysage méditerranéen, au point de l’associer aux plantes indigènes de ces régions. Elle y pousse et s’y développe toute seule, appréciant les longs étés chauds et secs, souvent caniculaires. Mais elle tolère bien les hivers froids avec des minimales jusqu’à -10° C. En réalité, et comme toujours, si le sol est consistant, franc, le gel ne doit pas excéder -5° C, mais si le sol est rocailleux, drainant, voire filtrant, la température peut tomber à -10° C une nuit ou deux. Et si des feuilles ont gelé, il suffit de les rabattre pour rendre au plant un bel aspect.
L’humidité de l’air n’est pas un problème
A la différence d’autres agaves plus fragiles, cette espèce (Agave americana) ne craint même pas l’humidité de nos climats océaniques. Des pluies fréquentes et brèves, le crachin breton, la bruine, la brume sont très bien vécus. L’humidité de nos automnes et de certains printemps ne posent pas de problèmes. Mais c’est du côté du sol qu’il faut être attentif.
Des sols calcaires ou acides mais toujours drainants
En effet, spontanément, l’agave va se loger sur les parois des falaises en parvenant à s’accrocher entre deux rochers. Il faut donc non seulement une terre légère, voire sableuse, en tout cas très drainante, mais si possible une pente pour être certain que l’eau ruisselle systématiquement . Le sol peut être calcaire, neutre ou acide, peu importe.
Elle fleurit une seule fois
Monocarpique, cette grande agave américaine fleurit une seule fois puis meurt. Mais rassurez-vous : la croissance est lente et la floraison intervient au plus tôt à dix ans, le plus souvent entre quinze et vingt-cinq ans, parfois davantage. L’épi floral, haut de 6 à 8 m, est impressionnant. Lorsqu’il fane, la plante sèche et s’éteint en ayant auparavant développé des rejets solides autour de sa rosette de grandes feuilles.
On plante au printemps
On peut les récupérer et les transplanter ailleurs, au soleil. L’idéal est de le faire au milieu du printemps. Prélevez un rejet, laissez-le sécher au soleil durant une journée pour cicatriser la plaie et replantez-le au soleil ou sous une ombre légère. On peut même tenter une culture en bac avec un mélange équilibré (1/3 de terre du jardin, 1/3 de terreau et 1/3 de sable de rivière). La pousse sera encore plus lente qu’en pleine terre.
Des alternatives possibles
Il existe plusieurs autres espèces d’agaves. Parmi les plus rustiques, A. montana pousse spontanément jusqu’à 3 000 m d’altitude au Mexique. La neige et des minimales à -12° C ne lui font pas peur.
Plus petite, avec une rosette de feuilles dense et compacte, A. parryi supporte bien -15° C ainsi que l’une de ses sous-espèces neomexicana.
A. utahensis serait même la plus rustique (-20 °C ) mais sur sols arides et sans humidité.
Catherine Larenaudie