L’asiminier

Au premier coup d’œil, on le classerait parmi les plantes tropicales. Mais ce petit arbre est assez rustique pour rejoindre nos jardins. On le découvre comme une nouveauté alors que les anciens le connaissent déjà très bien.

Autrefois très apprécié, l’asiminier est depuis longtemps tombé dans l’oubli. On semble redécouvrir aujourd’hui ce petit arbre originaire des Etats Unis, quelque part sur les berges du Mississippi. Il est parfois appelé Paw paw ou arbre à banane. Il est peu connu en France mais sa rusticité, ses caractéristiques et son originalité doivent attirer davantage notre attention.

Une floraison particulière
Son nom botanique est Asimina triloba. L’asiminier appartient à la famille des Annonacées où il fait exception parmi les plantes tropicales et semi-tropicales. C’est un arbre fruitier ornemental qui offre une structure pyramidale dont la hauteur atteint 5 à 8 m, pour une envergure de 2 à 3 m. Le tronc est droit, habillé d’une écorce brun gris, lisse sur les jeunes sujets qui devient rugueuse avec le temps. Il arrive parfois que les racines forment des rejets. Attention car certains connaissent de fortes irritations cutanées au contact des feuilles ou de la peau des fruits. La floraison dure environ six semaines, entre fin mars et début mai, et se fait sur les rameaux nus de l’année précédente. Les fleurs sont d’abord vertes, puis elles virent au brun-pourpre et sont veinées. Elles mesurent en moyenne 4 cm de diamètre et forment une jolie composition de 6 pétales en quinconce et un cœur dense d’étamines jaune beige. Eloignez votre nez car, si la fleur a un charme atypique, elle dégage une odeur de charogne (perceptible seulement lorsqu’on est tout près).
Les organes sexuels n’étant pas mûrs de façon synchrone, la pollinisation croisée est souhaitable et nécessite donc à proximité un autre sujet pour produire des fruits. Il arrive cependant qu’un seul sujet parvienne à s’auto-polliniser, et surtout s’auto-féconder, grâce à la floraison étalée dans le temps. D’ailleurs, comme beaucoup d’autres plantes malodorantes, la pollinisation se fait surtout par les mouches et les coléoptères.

Un fruit étonnant
Le fruit, l’asimine, est une baie jaune lorsqu’il est à maturité. Sa forme est ovoïde-oblong. Il ressemble à une papaye ou une mangue. Souvent groupés, les fruits atteignent leur maturité en fin d’été. Ils sont délicieux et parfumés, la pulpe ayant une odeur de banane vanillée. Selon les espèces et variétés, le fruit est plus ou moins abondant. Il peut peser entre 50 et 400 g. Les fruits de l’asiminier trilobé issus d’une même fleur sont réunis en groupe allant jusqu’à 6 fruits dont la structure rappelle celle d’un régime de bananes, d’où son surnom. Certains fruits peuvent être seuls lorsque tous les autres ovaires de la fleur ont avorté. L’asimine est récoltée à maturité et consommée presque sur place car elle supporte mal le transport. La chair, de texture crémeuse, se déguste à la petite cuillère, après avoir pris soin de retirer les graines plates et noires, au goût désagréable, et qui peuvent s’avérer toxiques.

Rustique jusqu’à -25°C
L’asiminier pousse dans toutes nos régions sauf en montagne. Il aime la pleine lumière, mais supporte aussi la mi-ombre. Malgré son côté exotique, il tient au froid jusqu’à -25° C et aux canicules jusqu’à +40° C. Attention cependant car il n’aime pas les vents desséchants. Il apprécie les sols meubles, profonds et bien drainés. Par contre, il craint le calcaire (pH entre 5,5 et 7,5). Les racines étant sensibles au stress hydrique, mieux vaut planter en automne, ou attendre le tout début du printemps (mars) avant le démarrage de la végétation.

Des vertus médicinales
Très riche en nutriments, la pulpe contient des vitamines A et C et des oligo-éléments. Elle apporte beaucoup de protéines et d’acides aminés équilibrés. Elle est aussi riche en sucres.
Attention aux effets laxatifs en cas d’excès.
Les feuilles peuvent être appliquées aux ulcères, furoncles et abcès, mais elles peuvent aussi provoquer de sérieuses irritations cutanées.

François Willemin