Cerisier : pour prévenir la moniliose

Qui n’a pas déjà vu des cerisiers donner une très belle floraison au printemps et une récolte piteuse en juin. Malheureusement, les bouquets à peine défleuris donnent des fruits avec des taches brunes circulaires. Ils pourrissent sur place, se momifient et restent attachés. Cette maladie cryptogamique sévit sur les poiriers, les pommiers, les cognassiers, mais aussi sur les cerisiers et les pruniers. Une des formes de la moniliose peut entraîner le dépérissement des rameaux. La première mesure à prendre est de supprimer toutes les parties malades et de les brûler. Ratissez au pied de l’arbre et faites ce travail sur les arbres voisins car la contamination via les oiseaux est très rapide. Enfin, traitez au cuivre, c’est-à-dire avec une bouillie bordelaise. On pulvérise à la chute des feuilles en novembre, au milieu de l’hiver si le temps est doux, et juste avant l’éclosion des boutons floraux. A chaque fois, doublez le soin avec une seconde pulvérisation dix jours après la première. Ne taillez pas le cerisier car ça le fragiliserait encore davantage.

Le + : une décoction de prêle est réputée efficace contre cette maladie.

Tulipes : elles prennent tous les styles

Il faut l’avouer, certains jardiniers n’accordent pas beaucoup d’intérêt aux tulipes. Ils la jugent avant tout comme une fleur de fleuriste juste bonne pour faire des bouquets. Or, c’est très mal connaître cette plante dont la diversité des styles et des tailles permet de l’intégrer dans toutes sortes de jardins avec succès.

4 000 variétés réparties en 15 catégories
La terre d’origine de la tulipe est la Turquie. Le nom même de Tulipa vient du turc tülben, qui signifie plante à turban. C’est à partir du 15e siècle que la plante fut introduite en Europe et notamment aux Pays-Bas où elle suscite rapidement une réelle passion. Les financiers investissent, les boursicoteurs surenchérissent, ce qui pousse les botanistes de l’époque à multiplier la plante et à créer déjà des hybrides. Ce pays est toujours aujourd’hui la première terre de production et la tulipe a pris différentes formes et différentes tailles. Le genre Tulipa compte désormais près de 4 000 variétés dans 120 espèces différentes. Pour s’y retrouver facilement dans cette multitude, on classe les tulipes en 15 catégories selon leur période de floraison et selon leurs types.

Les hâtives simples et doubles dès le mois de mars
Les premières tulipes à fleurir ont des tiges courtes et ne dépassent pas 20 cm de haut. Elles sortent de terre dès la fin février et fleurissent tout début mars, souvent en même temps que les crocus. On distingue les tulipes à fleurs simples et les doubles un peu moins précoces et à peine plus grandes.

Les tulipes dites de saison fleurissent en avril
Arrivent ensuite les variétés de saison qui fleurissent entre le début et la fin avril. Il y a d’abord les Triomphe issues de croisements entre simples hâtives et simples tardives. Elles atteignent entre 35 et 60 cm de haut. Les très classiques hybrides de Darwin (les fameuses tulipes de fleuristes) fleurissent plutôt fin avril et sont un peu plus hautes (70 cm). Elles sont issues de croisements entre différentes Darwin et des variétés de l’espèce fosteriana.

Des tardives très variées
Parmi les tulipes tardives, les simples fleurissent entre la fin avril et le début mai. Elles font 50 à 70 cm de haut. Plus originales, les variétés à fleur de lys ont des pétales allongés et pointus souvent dans les jaunes. Les frangées sont intéressantes car le bord des pétales est finement découpé comme pourrait l’être un tissu. Elles s’épanouissent souvent début mai. Les Rembrandt sont des tulipes à fleurs simples et marbrées. Cette particularité est due, à l’origine, à un virus. L’effet étant apprécié par les amateurs de tulipes, les spécialistes l’ont développé. Les viridiflora sont assez proches des fleurs de lys mais souvent en blanc-vert. Toujours en mai, les perroquet sont très spectaculaires avec leurs grands pétales colorés et profondément découpés. Enfin, les doubles (ou variétés à fleurs de pivoine) ont d’énormes fleurs. Elles sont souvent les dernières à fleurir autour du 20 mai.

Les botaniques
Les espèces dites botaniques sont « sauvages » et poussent spontanément. En réalité, les tulipes dites botaniques sont celles dont le caractère sauvage est encore dominant. C’est le cas des saxatilis, linifolia, humilis, voire des plus rares agenensis et autres variétés vraiment spontanées.

Trois cas particuliers
On pourrait très bien les ranger parmi les hâtives mais elles sont assez connues pour être considérées comme des catégories à part entière. Il y a d’abord les kaufmanniana, courtes sur tige (20 cm) et précoces (début mars). Il y a aussi les fosteriana à peine plus hautes, plus colorées et qui fleurissent fin mars ou début avril. Et viennent enfin les greigii aux coloris souvent très vifs, parfois mouchetés qui atteignent 30 à 40 cm et fleurissent fin mars. Ces trois espèces comptent désormais de très nombreux hybrides.

C’est l’heure du choix
Oui bien sûr, c’est entre la fin septembre et la fin novembre qu’on plante les bulbes de tulipes en optant pour un emplacement au soleil et dans un trou à fond plat deux à trois fois plus profond que la hauteur du bulbe. Mais c’est maintenant que vous pouvez mesurer sur pied toute la diversité des tulipes. Laissez-vous tenter mais observez aussi avec attention les points suivants. En effet, on peut préférer une tulipe perroquet ou une variété très double à une tulipe à fleurs simples et courte sur tige. C’est une affaire de goût et on doit planter en fonction de ses goûts, mais pas seulement. Il faut aussi prendre en compte la période de floraison qui varie d’une catégorie à l’autre et d’une région à l’autre. Les plus précoces fleurissant dès le mois de mars, elles seront associées à des plantes vivaces de début de printemps (Viola, Primula, Anemone) et à d’autres bulbes précoces (Crocus, Muscaris). Les tulipes les plus tardives fleurissant avec les lilas, elles seront associées à d’autres vivaces aussi différentes que des cœur de Marie (Dicentra), des géraniums vivaces, des euphorbes, voire même des pavots. La hauteur de tige de la tulipe est le troisième critère de choix important. L’emplacement réservé sera aussi fonction de la taille : rocaille pour les plus basses, bordure pour les moyennes, massif pour les plus grandes. Et puis certaines tulipes botaniques seraient plus adaptées à certains types de climat : humilis dans l’est, saxatilis dans l’ouest et le Midi. On gagne toujours à interroger un spécialiste des bulbes sur une foire aux plantes.

Jules Bara

Framboisier, cassissier, groseillier : c’est le moment de planter

Savourer des framboises, des cassis et des groseilles directement sur pied est l’un de mes grands plaisirs au jardin. Vous aussi, retrouvez ces petits fruits incontournables de notre enfance. C’est maintenant qu’on les plante.

Les trois sont des arbustes autofertiles. Les trois forment des buissons fruitiers de 1,50 m de haut. Et les trois donnent des petits fruits délicieux qu’on trouvait dans presque tous les jardins au temps de mon enfance.
Rustiques, solides et vigoureux, ils se comportent généralement très bien quand ils sont alignés ou même plantés en haie.

Le framboisier a une vigueur qu’il faut contenir
Ses tiges légèrement épineuses sont appelées cannes. Les fleurs groupées en panicules terminales sont verdâtres et les fruits sont généralement rouges, plus ou moins foncé. Peu exigeant, le framboisier s’accommode de tout type de terre, avec une préférence pour les sols légers et riches en humus. C’est un arbuste qui aime le soleil, mais qui supporte aussi une ombre légère.
Certaines variétés drageonnent en émettant des rejets sur les côtés du rang. Attention,, plus vous attendez et plus ce sera difficile de vous en débarrasser. Il faut arracher sans tarder.

Les remontants et les non-remontants
On distingue deux types de framboisiers : le framboisier non remontant, qui fructifie sur les pousses de l’année précédente en juin-juillet, et le framboisier remontant, qui produit une première fois sur les pousses de l’année d’août à octobre et une deuxième fois sur les mêmes cannes l’année suivante en juin-juillet. Les cannes se dessèchent après la fructification. Parmi les non remontants, citons la framboise ‘Mailling Promise’ qui donne de gros fruits très parfumés en abondance, durant les mois de juin et début juillet. De son côté, la variété ‘Marastar’ produit de très gros fruits d’un beau rouge foncé et d’excellente qualité gustative. Quant à la framboise ‘Sumo2’, elle est, comme son nom l’indique, capable d’offrir des fruits d’un calibre énorme. Les premières framboises apparaissent environ 2 ans après la plantation, cependant les variétés remontantes peuvent donner quelques fruits dès le premier automne. Les spécialistes conseillent souvent de mélanger les variétés, ceci permettant d’avoir une récolte échelonnée de juin aux premières gelées.

Les racines nues et les containers
Dans les pépinières, les framboisiers sont souvent vendus en racines nues. Ils se plantent d’octobre à avril, à environ 80 cm de distance les uns des autres. Si vous ne pouvez pas planter dans les 3 jours qui suivent votre achat, mettez les plants en jauge dans un endroit ombragé de votre jardin. Faites un trou de 40 à 50 cm de profondeur et de largeur, pour ameublir la terre. Retirez les cailloux et les racines de mauvaises herbes. Placez au fond du trou de plantation une poignée de corne torréfiée (environ 60 g) à mélanger à la terre. Rebouchez de moitié le trou avec de la terre additionnée de terreau et d’une pelletée de fumier bien mûr. Vous pouvez alors rabattre l’extrémité des racines de l’arbuste pour les « rafraîchir ». Installez le collet du plant de framboisier au niveau du sol (premières branches) sans trop l’enterrer. Comblez le trou de plantation avec la terre extraite et un terreau de plantation. Tassez au pied de l’arbuste en formant une cuvette et arrosez abondamment (comptez au moins 10 litres d’eau par pied).

Il faut adapter la taille à la variété de framboisier
Dans l’année qui suit la plantation, laissez votre framboisier pousser naturellement. Les rameaux meurent généralement la première année et sont remplacés par de nouvelles pousses émises en cours d’été par les racines. Ensuite, la taille du framboisier, indispensable, doit être effectuée chaque année. Mais elle varie en fonction du type de fructification.  Pour les variétés non remontantes, la taille s’effectue soit en automne, soit au printemps. Elle consiste à rabattre au ras du sol les branches mortes ayant fructifié pendant l’été, ainsi que les rejets trop faibles. On cherchera à conserver entre 6 à 10 cannes vigoureuses, pas plus. Pour les variétés remontantes, il faut intervenir en hiver mais en dehors des périodes de gel. Rabattez au ras du sol les cannes desséchées ayant fructifié en début d’été, ainsi que les rejets trop faibles, et supprimez l’extrémité sèches des cannes ayant produit en fin d’été. Ces dernières porteront des framboises sur la longueur des branches au début de l’été suivant. Afin de préserver la fertilité du sol et d’induire une bonne fructification, un apport de fumures organiques en automne (compost ou fumier) peut être effectué chaque année.

Les cassissiers ont une saveur incomparable
Cet arbuste, très commun dans les années 1960, a été délaissé par la suite au point de devenir aujourd’hui assez rare. On s’étonne presque de trouver un cassissier dans les jardins. Son feuillage est très aromatique. Le buisson adulte mesure, lui aussi, environ 1,50 m de haut. La fructification s’établit sur le bois de 2 et 3 ans, puis fléchit sur les rameaux de 4 ans et se raréfie sur ceux de 5 ans et plus. Les fruits, les cassis, sont réunis en grappes de baies juteuses. Elles sont noires et mûrissent de fin juin à mi-juillet. Rustique et peu exigeant, le cassissier aime les hivers froids et les étés chauds. Il excelle sous un climat continental mais s’adapte au climat océanique. Il s’arrange de tous les types de sols, sauf trop pauvre et trop sec, ou au contraire trop humide.
Les fleurs apparaissent au mois d’avril. Nous apprécions tout particulièrement la variété ‘Neva’ car elle est résistante aux maladies, très productive, et auto-fertile. Ses baies noires sont vraiment parfumées et les premiers fruits apparaissent généralement dès la deuxième année suivant la plantation. Le cassissier est, lui aussi, livré en racines nues et il se plante d’octobre à mi avril. Il convient de les espacer un peu plus que les framboisiers en les séparant au moins d’1 m environ. Si vous devez stocker vos cassissiers plus de trois jours avant de les planter, mettez-les en jauge dans un endroit ombragé de votre jardin. Pour planter, creusez un trou de 40 à 50 cm de profondeur et de largeur, en retirant les cailloux et les mauvaises herbes. Au fond du trou, ajoutez 80 g de corne torréfiée (une grosse poignée). Comblez le trou de moitié avec de la terre, du terreau de plantation si la terre est lourde, et un fumier mûr (1 à 2 pelletées). Epointez juste l’extrémité des racines de l’arbuste et plantez le sujet en plaçant le collet au niveau du sol. Arrosez un peu pour tasser la terre et finissez de combler le trou de plantation avec la terre restante mélangée à un terreau. Ensuite, tassez cette terre au pied de l’arbuste en formant une cuvette et arrosez abondamment (10 litres environ) pour maintenir une bonne cohésion entre la terre et les racines. Complétez par une taille des rameaux à 20 cm, de préférence au dessus d’un bourgeon placé vers l’extérieur.

Une taille pour maintenir la fructification
L’année suivant la plantation, laissez pousser le cassissier pour qu’il puisse se ramifier naturellement. La taille sert simplement à rajeunir tous les ans les buissons adultes pour ne garder que les branches les plus productives. Supprimez les rameaux les plus âgés (4 ans ou plus), éliminez les rejets trop faibles et rabattez les rameaux qui encombrent le centre du buisson. L’objectif est de garder un port aéré et harmonieux. La période idéale pour effectuer cette taille est février-mars.
Si des maladies sévissent périodiquement dans votre jardin, vous pouvez, à titre préventif, faire un premier traitement à base de bouillie bordelaise et renouvelez une fois mais avant la floraison. En automne, contentez-vous d’un apport de fumures organiques pour entretenir la fertilité de votre sol. C’est utile pour une bonne fructification.

Je ne peux pas renoncer au groseillier
Cet arbuste buissonnant est vraiment de culture facile. Il lui faut un sol frais et drainant. Toutefois, préférez un terrain plutôt trop drainant que pas assez. Le groseillier souffre toujours en cas d’excès d’eau. Il craint l’humidité stagnante. On le trouve dans les pépinières et jardineries aussi bien en racines nues qu’en container. Pour les sujets en container, creusez un trou une fois et demi plus large et plus profond que le volume de la motte du sujet à planter. Ajoutez un peu de compost et arrosez avant de planter. Dépotez et baignez la motte dans une bassine d’eau pendant quinze à vingt minutes pour qu’elle s’humidifie bien au cœur. Si l’arbuste est en racines nues, mieux vaut rafraîchir le chevelu racinaire en supprimant celles qui sont cassées ou abîmées, et en raccourcissant légèrement les autres. On peut praliner les racines avant de mettre en terre. Dans les deux cas, racines nues et container, plantez sur une petite surélévation pour faciliter le drainage de l’eau. Mais attention, les racines ne doivent pas être trop en surface sinon elles souffriront vite de la sécheresse. Tassez légèrement  pour faciliter l’adhésion des racines à la terre et arrosez lentement mais copieusement.

François Willemin

 

Fraisier : 4 mesures à prendre

Après 3 à 4 ans, un plant de fraisier s’épuise. Il faut donc renouveler la fraiseraie par tiers ou par quart chaque année pour conserver une production régulière.
Il faut une terre normalement consistante, drainante, fertilisée avec un bon compost.

Quatre précautions importantes sont à prendre :
– Assurer un bon drainage quitte à planter sur billon (rang surélevé).
– Planter sans enterrer le collet.
– Espacer deux plants d’au moins 30 cm.
– Couvrir le sol avec un film plastique ou de la paille pour étouffer les mauvaises herbes et garder les jeunes pieds au chaud.

On peut aussi les cultiver en pot et jardinière sur une terrasse.

La bruyère d’hiver

Cette jolie bruyère alpine est la plus rustique des bruyères. Quelles que soient les conditions climatiques, elle fleurit chaque année avec régularité. C’est une solide qui supporte même le calcaire et l’ombre.

Elle est très rustique et sacrément solide
Le nom botanique de cette plante est Erica carnea. Son nom commun est bruyère d’hiver ou bruyère des Alpes, voire bruyère carnée. Il s’agit d’un petit sous-arbrisseau aux tiges vite ligneuses, au feuillage persistant et aux floraisons hivernales. Cette bruyère encaisse des froids intenses (- 15°C sans difficulté) mais aussi la pollution urbaine, les vents violents, les embruns marins. Bref, c’est une rustique, dure à cuire qui rien n’effraie.

Une belle floraison en plein cœur de l’hiver
Mais évidemment, l’atout le plus apprécié est sa floraison généreuse qui se déroule tout l’hiver. Les variétés les plus précoces commencent à s’épanouir dès novembre et les plus tardives s’éteignent en avril. Elles sont donc, pour la plupart, en fleurs en plein hiver, même sous la neige et des froids rigoureux comme on en connaît en basse ou moyenne montagne, ou dans le Nord, les Ardennes et en Belgique.

Rose, rouge, violet, blanc
Il existe plusieurs variétés de différentes couleurs.
Parmi les plus connues citons :
‘Rosalie’, rose vif, hauteur 20 cm, est en fleurs de janvier à avril.
‘Pink Sangles’, rose clair, 40 cm de haut, fleurit de décembre à avril.
‘Myretoune Ruby’, rouge foncé, 15 cm, est en fleurs à la même période ainsi que ‘December Red’, rouge franc, hauteur 25 cm.
Parmi les bruyères blanches, ‘Snow Queen’, hauteur 15 cm, fleurit de novembre à mars et ‘Spring Wood Alba’, 25 cm de haut, fleurit de novembre à février.

Ne plantez pas trop profond
Cette Erica carnea aime les sols acides mais s’adapte aussi très bien dans une terre neutre voire un peu calcaire. Néanmoins, à la plantation, préparez un mélange à parts égales de terre de jardin et de terre de bruyère et ajoutez systématiquement un peu de sable pour que le drainage soit très bon. En revanche, n’utilisez pas de compost. Cette bruyère n’est pas du tout gourmande. Dépotez et plongez la motte au moins un quart d’heure dans l’eau pour qu’elle s’imbibe à cœur. Enfin, mettez en place sans enterrer profondément le sujet. Le haut de la motte doit vraiment être à fleur de sol.

Pratiquez une taille légère mais très utile
C’est vrai, dans les landes et les sous-bois, les bruyères se passent très bien de taille. Pourtant, au jardin, une taille maîtrisée permet d’accroître la longévité des plants et de leur garder un port harmonieux. On intervient toujours après la floraison, c’est-à-dire dans la seconde moitié du printemps. On se contente de raccourcir de moitié les jeunes pousses. Il ne faut  pas être trop sévère car on n’obtient pas de nouvelles tiges sur du vieux bois et la floraison a lieu sur les pousses d’un an. Mais il ne faut pas non plus tailler trop long en épointant car la plante « filocherait » vite en faisant trop de vieux bois. Il faut tailler juste.

Walter Brousse

Poirier : du fer, sur sol calcaire

Les pêchers et les amandiers, mais aussi les pruniers et bon nombre d’arbres à noyau, s’adaptent très bien sur des sols calcaires où l’on cultive la vigne. En revanche, les poiriers, pommiers et autres arbres à pépin souffrent.
Seule solution : compenser la carence en fer du sol en apportant du sulfate de fer. Pour cela, on creuse à la barre à mine trois trous de 40 cm de profondeur à 2 ou 3 m du tronc, à l’aplomb de la ramure. On remplit les trous aux deux-tiers de sulfate de fer et on arrose copieusement et lentement au goulot pour bien diluer le produit. On termine en rebouchant les trous avec la terre du jardin.
Normalement, on administre ce traitement une fois par an ou tous les deux ans, ce qui permet d’éviter les chloroses qui fatigueraient l’arbre.
On peut aussi apporter un bon compost qu’on enfouit au sol sous la ramure par un griffage léger. Les radicelles pourront alors se nourrir de ces matières organiques.

Pomme de terre : il faut les pré-germer

Dans toutes les régions, c’est en février qu’on commence à faire germer les pommes de terre. En effet, pour obtenir de bons germes, trapus, il faut prendre un peu son temps.
On commence par disposer les plants dans une boîte à œufs ou une cagette mais bien droits avec l’extrémité arrondie vers le haut et l’extrémité plus pointue vers le bas.
On place dans un local très aéré, voire ouvert sur l’extérieur mais à l’abri de la pluie et du gel (à 5° ou 6° pas moins), à la lumière du jour mais pas au soleil. Avec une température plus élevée, le germe va très vite pousser, on dit « filer », en étant trop long et trop fin. Dans de bonnes conditions, il faut 4 à 6 semaines pour avoir des germes assez épais de 3 à 4 cm.
Ensuite, on plante en terre sans attendre, en buttant pour protéger des gelées.

Le verre en cloche

Après quelques années de lave-vaisselle, il arrive souvent que les verres portent des traces blanchâtres qu’il est impossible d’éliminer. Et puis, il y a aussi le verre dont le bord est légèrement ébréché, ce qui le rend inutilisable… ou presque. En effet, avec un beau sens pratique, une amie lectrice recycle les verres usagés en cloches individuelles. Elle s’en sert pour couvrir ses petites boutures qu’elle conduit à l’étouffée. Le verre retourné et bien enfoncé dans le substrat terreux ne bouge plus et reste aussi performant qu’une bouteille ou un sachet de plastique translucide. Cela fait aussi une excellente mini serre pour les pousses de semis réalisés en poquet et qui ont levé. Bref, ne jetez pas vos verres à pied hors d’usage. Au jardin, ils auront une nouvelle vie !

Camélias du Japon : ils sont moins fragiles qu’on le croit

Ni fragiles, ni capricieux, les camélias ont une réputation qu’il est temps de rectifier. Plantés dans des conditions qui leur conviennent, ils sont florifères, costauds et font toujours preuve d’une fort belle longévité.

Originaires d’Asie, plus précisément des littoraux de Chine, de Corée et bien sûr, du Japon, les camélias apprécient les climats océaniques chargés d’une forte humidité. Il est vrai que chez nous, on les retrouve en nombre sur toute la côte ouest de Bayonne à Dieppe. Mais on peut aussi planter des camélias dans le Centre, en Ile-de-France, voire dans l’est. Toutefois, avant même le climat, c’est bien la nature du sol qui est le critère essentiel.

Une vraie plante de terre de bruyère
Comme les rhododendrons et les érables, les camélias exigent un sol franchement acide, c’est-à-dire dont le pH est égal ou inférieur à 6. C’est le cas des terres de bruyère qu’on trouve dans les landes bretonnes et normandes. Il y a aussi des terres acides dans bien d’autres régions. En revanche, ce n’est pas forcément le cas sur tout le littoral atlantique, par exemple vendéen ou charentais.
Attention, si ce n’est pas le cas chez vous, ne croyez pas qu’il suffise d’apporter dans le trou de plantation de la terre de bruyère achetée dans une jardinerie. Elle va se diluer très vite dans le sol et le camélia peinera toujours. C’est efficace seulement pour les sujets cultivés en bac et pour lesquels on mélange terre végétale, terre de bruyère et terreau. N’utilisez jamais de la terre de bruyère seule car elle est beaucoup trop pauvre et filtrante. Elle ne retient pas l’eau d’arrosage.

Respectez les rythmes de croissance
C’est vrai, en comparaison à d’autres arbustes à fleurs, les camélias ont une croissance un peu lente. Et encore, sur une terre acide, fertile, à l’ombre légère et avec un hiver doux, ils peuvent pousser et surtout s’étoffer assez vite. En tout cas, ne cherchez pas à les bousculer en apportant des engrais. Respectez leur rythme. Certains ne dépassent pas 3 m et d’autres atteignent 6 à 8 m de haut. Et puis, dans l’ensemble, tous les camélias font preuve d’une très belle longévité. Ils survivent le plus souvent aux jardiniers qui les ont plantés.

Le choix de l’emplacement est important
On entend souvent dire que les camélias sont fragiles. C’est faux car lorsqu’ils sont plantés au bon endroit, ils ne posent aucun problème. Mais le bon endroit c’est où ? Si vous êtes dans une région où les étés sont chauds à caniculaires, c’est sous une ombre légère qui les protègera entre 12 et 18h de juin à août. Il faut éviter les soleils brûlants qui les grilleraient. Dans les régions aux étés plus doux, on peut les planter au soleil mais ils apprécieront toujours l’ombre portée de grands arbres caducs qui retrouvent leurs feuilles qu’au milieu du printemps. Et puis, le bon endroit, c’est à l’abri des vents trop forts qui pourraient condamner une floraison prometteuse.

On plante entre novembre et avril
C’est bien en hiver et au début du printemps, en dehors des périodes de gel, qu’on plante les camélias. Quand l’emplacement est choisi, on creuse un trou qui soit assez large (deux fois le diamètre de la motte) et surtout assez profond : un bon fer de bêche sur un massif déjà cultivé et deux fers sur un terrain en friche. Fouillez bien le fond du trou de plantation et attendez deux à trois semaines avant de mettre en place le jeune camélia. Assurez un bon drainage, au besoin avec un lit de gravier, et préparez un mélange à parts égales de terre de bruyère, terre de jardin et terreau. Ajustez la profondeur de plantation de façon à faire affleurer le haut de la motte au niveau du sol. Si le chevelu racinaire est assez dense, découpez le contenant en plastique pour sortir la motte sans arracher les racines et mettez à tremper dans une bassine d’eau quelques minutes. Une fois le sujet en place et le trou comblé, tassez au pied en formant une cuvette autour du tronc que vous remplissez d’eau. La terre va se tasser, vous devrez donc ajouter un peu de mélange terreux. Dans les semaines qui suivent, arrosez copieusement une fois par semaine (un arrosoir de 10 litres). Paillez avec des feuilles mortes, des fougères ou des aiguilles de pin qui acidifieront un peu le sol.

Méfiez-vous des satanés otiorhynques
Ces petits charançons sont une véritable plaie. Ils logent souvent dans les mottes des sujets vendus en jardinerie. C’est beaucoup plus rare sur des camélias vendus en pépinières spécialisées. L’otiorhynque est noctambule. Il sort la nuit et dévore les jeunes feuilles et parfois les racines superficielles de ces arbustes. La seule solution efficace est de les chasser à la nuit tombée à l’aide d’une lampe torche pour les récupérer, s’en saisir et les écraser. C »est simple mais au moins sans recours aux pesticides.

Un choix très large parmi les camélias du Japon
Le genre Camellia compte de nombreuses espèces mais au sein de la seule Camellia japonica on dispose déjà d’un choix très large. Il existe d’abord des coloris variés avec des fleurs d’un rouge feu coiffé d’un opulent bouquet d’étamines jaune d’or, mais aussi des fleurs d’un blanc pur ou d’un rose délicat. On trouve également une large palette de formes de fleurs avec des simples, doubles voire très doubles comme une pivoine ou sagement ordonnancé comme des anémones. Citons quelques coups de cœur ‘Jupiter’, arbuste de 3 à 4 m, très apprécié pour ses fleurs simples d’un rose soutenu tirant vite sur le rouge et un bouquet d’étamines jaune d’or. Elles s’épanouissent de février à avril sur un feuillage vert foncé presque brillant.
‘Marguerite Gouillon’ pousse assez vite mais se stabilise autour de 3 m. On aime ses fleurs d’un blanc strié de rose, plus ou moins doubles, épanouies de février à avril. Rustique, cette variété supporte des -20°C à l’abri du vent. La superbe ‘Nobilissima’ (ou ‘Surpasse Nobilissima’) est une ancienne variété du milieu du 19e siècle. Elle connaît un succès constant grâce à ses fleurs très doubles d’un blanc éclatant mises en valeur par un feuillage vert foncé et lustré. Particularité, ‘Nobilissima’ peut fleurir dès la fin novembre et se renouvelle jusqu’en mars. Elle résiste à -12°C, là encore si on est à l’abri du vent.
Sous une pluie de janvier, ‘Smellie Nellie’ garde une tenue exceptionnelle avec des fleurs aux pétales bicolores rehaussés par un très grand bouquet d’étamines. Petit plus, cette variété est parfumée.
‘Madame Picouline’ est une variété créée en Belgique au milieu du 19e siècle qui reste assez basse (1,50 m) et offre de nombreuses fleurs très doubles, péoniformes (à forme de pivoine), rouge cerise, dès le mois de janvier jusqu’en mars.

Jules Bara

Citronnier : pour qu’il passe l’hiver sans encombre

Sur le littoral méditerranéen, on cultive le citronnier en pleine terre. Ailleurs, on le cultive en bac mais il s’y prête très bien. Plus solide et rustique qu’on le croit, il mérite tout de même des soins. Mais attention : pas d’excès !

Le citronnier est l’agrume le plus facile à cultiver chez soi. Plus que le froid et même la neige, ce sont d’abord les chutes brutales de température qui sont à craindre. Le citronnier est capable de résister à -2°C voire encore un peu moins si c’est bref. Bien évidemment, on peut le protéger mais pas n’importe comment. Il arrive trop souvent que des mesures inadaptées empirent les choses.

Des mesures utiles
Certes, il faut protéger la partie aérienne de la plante, mais il est plus important de protéger la partie souterraine, c’est-à-dire les racines, surtout pour les sujets en bac plus exposés au froid, et surtout si le citronnier est dans un pot en terre cuite qui peut éclater sous l’effet du gel. Faites aussi une petite taille de nettoyage. Cela consiste à supprimer les branches qui se croisent et les rameaux en surnombre, pour laisser entrer un maximum de lumière. Retirez les fleurs, s’il y en a, surtout si l’hivernage a lieu sous véranda. Raccourcissez les rameaux trop longs pour maintenir un port arrondi. Enfin, chassez les cochenilles et araignées rouges qui pourraient s’y réfugier. Si les feuilles sont déjà couvertes de fumagine (dépôt noirâtre), nettoyez-les avec un chiffon d’eau un peu savonnée (savon de Marseille). Seulement en cas de forte attaque, vous pouvez pulvériser un insecticide naturel.

Les sujets en extérieur
Si votre citronnier en bac doit hiverner en extérieur, essayez de le placer contre la façade sud de la maison. Si possible rapprochez-le d’une baie vitrée afin qu’il profite un peu des déperditions de chaleur. Evitez le vent et les courants d’air. On peut l’en préserver à l’aide d’une vitre-écran. Paillez avec une couche épaisse directement sur la terre et faites-la remonter un peu autour du tronc. La partie aérienne peut être couverte d’un voile d’hivernage durant les jours les plus froids.
Attention, car c’est autant de temps que le citronnier passe sans lumière. Il faut donc le découvrir dès que la température remonte, même pour une seule journée. Cela permet aussi de lutter contre les parasites qui se développent vite en milieu clos.

Sous serre froide
Avant de rentrer le citronnier, lavez les parois du pot ou du bac et préparez le sujet comme nous venons de l’indiquer. Lavez aussi les vitres du local dans lequel vous l’abritez. Il faut une serre froide, ou véranda non chauffée, avec une température entre 6° et 12°C. Si la pièce est chauffée autour de 18°C , le cycle de l’arbre fruitier sera perturbé. Il va continuer de fleurir et donnera des fruits. Il sera donc privé d’un repos dont il a besoin et s’épuisera très vite. À défaut de serre froide assez grande, un sous-sol ou un garage peut convenir mais à la condition expresse qu’il y ait une fenêtre. Votre citronnier ne peut pas être privé de lumière. Dès que la météo le permet, ouvrez la porte pour aérer.

La diète est nécessaire
L’hiver, l’arbre est au repos. On n’arrose pas du tout les sujets en pleine terre. Pour les citronniers en bac rentrés sous serre, on réduit les arrosages à un par mois juste pour éviter un dessèchement de la terre. Surtout, n’arrosez jamais avant une vague de froid annoncée. Les racines sont sensibles, même en hiver.

François Willemin