Echalote : sur billon et sans compost

C’est en janvier qu’on plante l’échalote. Le plus sage est de surélever la parcelle d’une dizaine de centimètres (ce qu’on appelle un billon). Cela facilite l’écoulement des eaux de pluies. Le bulbe est bien posé sur sa base, la pointe restant à l’air libre. Surtout, n’apportez pas de compost car la terre ne doit pas être trop riche.

Carotte : les semis de fin d’année

Généralement on sème les premières carottes, les variétés les plus hâtives, au mois de février. Mais en réalité, on constate qu’on peut fort bien les semer en novembre ou début décembre pour commencer à récolter en mars. Il faut vraiment bien préparer la terre en l’ameublissant sinon les carottes feront vite des fourches. Ensuite, dans les régions douces, on se contente d’étendre un voile sur la parcelle. Ailleurs, mieux vaut prévoir un tunnel. Comme les graines sont petites on peut, au moment de semer, mélanger les graines à un peu de sable ou de marc de café. Le semis sera plus clair et plus régulier. Semez sur un sillon d’1 cm de profondeur, comblez et plombez avec le dos d’un râteau. Arrosez en pluie fine et soyez patient car la levée peut prendre une douzaine de jours comme trois semaines.

En + : La Nantaise ou Touchon peuvent être semées très tôt.

Topinambour : récoltez-les à votre rythme

Ceux qui ont eu la bonne idée de faire des topinambours vont pouvoir en récolter. On commence en novembre quand les grandes fanes sont complètement sèches. Si la terre est bonne, il suffit de tirer sur les tiges pour emmener les racines. Rabattez les fanes et broyez-les avant de les jeter au compost. Vous pouvez aussi les donner aux lapins. Quant aux racines, ne trainez pas trop pour les consommer. Elles ne se conservent pas plus de deux à trois semaines dehors à l’abri de la pluie (surtout pas à l’intérieur). Le mieux est de les arracher au fur et à mesure de vos besoins. En effet, c’est en terre que ces racines se conservent le mieux. Et puis, elles sont petites mais très nombreuses. Comptez 3 kilos par m². Ne craignez ni les pluies, ni le gel. Eventuellement, paillez le rang, mais ce légume est assez rustique. Enfin, on attendra les dernières récoltes, souvent en février, pour replanter des éclats.

Courges : comment conserver 3 espèces différentes

Si la méthode de stockage est identique pour toutes les courges de garde, le calendrier n’est pas le même. La durée de culture diffère, mais aussi la période de récolte et la durée de conservation. Voici les gestes utiles.

J’ai cultivé cette année trois espèces de courges bien différentes : des pâtissons blancs, des potimarrons et des musquées de Provence. Il s’agit dans les trois cas de courges (du genre Cucurbita) mais les premiers sont des C. pepo, les seconds des C. maxima et les troisièmes des C. moschata. Du coup, si les grands principes de conservation restent les mêmes, les durées de culture changent d’une espèce à l’autre et par conséquent les périodes de récolte. Mais les durées de conservation, elles aussi diffèrent, ce qui permet de consommer des courges différentes entre la fin de l’automne et le milieu du printemps.

On consomme les pâtissons blancs d’août à avril
Le pâtisson blanc est une variété américaine que ne court pas. Elle ne prend pas trop de place au sol et se cultive sur cinq mois entre le semis et la récolte. Fin avril, on sème au chaud (20°C) et on repique en place au jardin à partir de la mi-mai. On peut très bien récolter les premiers pâtissons encore très jeunes soit en août. Ils ont alors un petit goût d’artichaut assez prononcé. Mais normalement, les fruits arrivent à maturité fin septembre. C’est à ce moment qu’il faut cueillir. A cette période, la température chute la nuit sous +12° C, stade à partir duquel la courge est stabilisée. Elle n’évolue plus. On a donc tout intérêt à cueillir. Les pâtissons blancs se gardent facilement entre quatre et dix mois. Toutefois, à partir de février ou mars, ils ont tendance à perdre un peu de leur saveur.

On mange des potimarrons jusqu’en février
Cette courge délicieuse (elle a un goût de châtaigne presque sucré) court sur 3 mètres environ. Il lui faut un peu de place au sol pour qu’un plant puisse donner deux à cinq fruits. On sème à la mi-avril au chaud et on repique un mois plus tard, quand la terre est vraiment réchauffée et que les nuits (et les pluies) ne sont plus trop froides. Là, pas question de récolter des potimarrons avant leur totale maturation. Il faut souvent attendre octobre pour que les feuilles et les tiges des plants soient bien sèches. C’est le signe qu’on peut alors récolter. L’idéal est de pouvoir laisser ressuyer au moins une journée au soleil avant de rentrer les fruits. La durée de conservation , deux à cinq mois, n’est pas très longue. Dans de bonnes conditions, on peut les garder, et donc consommer des potimarrons, jusqu’en février.

On savoure la musquée de Provence jusqu’en mai !
Cette variété française court sur 5 à 6 mètres et donne deux à cinq fruits par pied. La musquée de Provence a une chair sucrée, musquée bien sûr, parfumée. Mais attention, elle est un peu plus frileuse que les deux précédentes. Il faut donc la semer au chaud et bien attendre que les beaux jours soient installés pour la repiquer en terre. Dans les régions froides on peut même couvrir le sol de paille ou d’un film plastique pour réchauffer la terre. Et c’est souvent en octobre (milieu ou fin de mois) qu’on récolte les gros fruits côtelés. Normalement, ils peuvent être conservés entre quatre et neuf mois mais l’idéal est de les consommer entre novembre et fin mars. Il est donc important de vérifier la durée de conservation possible pour chaque espèce et même pour chaque variété. Mais attention, pour bien conserver, c’est-à-dire longtemps, il faut commencer par bien récolter.

Récolter les courges juste au bon moment
Le bon moment, c’est à parfaite maturité (sauf exception possible comme les pâtissons ou les courgettes meilleures très jeunes). Or, on a souvent tendance à récolter trop tôt, dès que les fruits sont volumineux et colorés. Il faut savoir attendre deux ou trois semaines et voir les plants fanés. Mais il ne faut pas attendre trop longtemps au risque d’exposer les courges aux pluies d’automne déjà froides et dans certaines régions abondantes. Il faut aussi se méfier des premières gelées blanches. Dans le Nord, le Nord-Est, l’Est, elles peuvent intervenir au cours du mois d’octobre. Ayez l’œil.

Les fruits doivent avoir leur pédoncules
Pour enlever correctement un fruit, quelle que soit sa taille et son poids, munissez-vous toujours d’un bon sécateur (ou d’un couteau pour les grosses sections) afin de couper les pédoncules. Mais attention, il faut intervenir le plus près possible de la tige pour laisser le pédoncule attaché au fruit. Il faut au moins 5 à 7 cm de pédoncule. On évite ainsi le risque d’évaporation (inévitable si on laisse une cicatrice directement sur la peau), mais également on limite les risques de pourrissement éventuel. Si vous acheter des courges dans une foire aux plantes ou sur un marché, soyez vigilant sur ce point. Même si vous conservez correctement des fruits de bonne qualité, si les pédoncules ont été enlevés, la conservation sera beaucoup plus aléatoire.

Aucune blessure ou griffure
Seconde précaution à prendre à la récolte, il faut manipuler avec soin les courges. Il ne faut pas griffer la peau. Il ne faut pas heurter le fruit ou le faire cogner contre un meuble ou au sol. Même si la peau vous semble épaisse, un rien peut la blesser. Et une simple meurtrissure  peut suffire à laisser entrer un virus et compromettre la bonne conservation du fruit.

Laisser les fruits ressuyer
Généralement, on récolte au cours d’une belle journée, le matin. On peut alors laisser au moins une journée les fruits ressuyer au soleil directement au sol. Cela permet de réduire un peu le taux d’eau dans le fruit (il est environ de 92% du poids du fruit). Cela optimise également la bonne conservation des courges. Si vous récoltez l’après-midi, remisez sous un auvent pour éviter qu’une pluie nocturne vienne contrarier vos plans. Vous laisserez ressuyer le lendemain, si possible au soleil.

Nettoyez mais ne lavez pas
Une fois ressuyés, les fruits vont être nettoyés. L’objectif est de les débarrasser de la terre qui colle encore sur leur peau. Utilisez la paume de votre main ou un chiffon sec. Surtout, ne lavez pas vos courges avec une éponge mouillée. Ce n’est pas un concours de beauté mais simplement un geste utile à la conservation. C’est souvent au cours de ces manipulations qu’on peut blesser par mégarde un fruit. Soyez attentif.

Le local doit être ni trop froid ni trop sombre
Contrairement aux légumes racines qui eux, ont besoin d’être remisés au frais dans l’obscurité, les courges préfèrent un local où la température oscille entre 14° et 18°C. Les fruits peuvent aussi très bien recevoir la lumière du jour. Un garage ou même une véranda qui ne soit pas trop chauffée font très bien l’affaire.

Un lit de paille ou un filet
Reste le rangement des fruits. Ils ne doivent surtout pas se toucher. Le contact peut rapidement se transformer en point de pourrissement. Ils doivent être posés à plat le pédoncule orienté vers le haut. Le plus simple est de les aligner sur un lit épais de paille sèche ou de fougères. D’autres préfèrent les déposer dans des cagettes légèrement surélevées (sur des briques). L’objectif est de permettre à l’air de circuler plus facilement autour des fruits. C’est vrai que c’est important pour la bonne conservation. D’ailleurs les anciens plaçaient les courges de garde dans des filets (même de grosses citrouilles) et les suspendaient à une poutre. Ils étaient certains que les fruits seraient aérés au mieux. Et accessoirement, cette méthode prend beaucoup moins de place au sol. Pratique !

Jules Bara

Artichaut : plantez les oeilletons

Quand on plante les asperges, on pense aux artichauts. Ces deux légumes sont des vivaces qui donnent sur plusieurs années. Il faut donc les renouveler. Et le début du printemps est une bonne période car au pied des souches installées, on voit surgir des jeunes rejets. Ils sont souvent appelés œilletons. On les détache du pied mère avec un bon couteau quitte à prélever un talon directement sur la souche mère. On les replante aussitôt dans une terre fertile et drainante. Fertile ou même très fertile car les artichauts sont des gourmands. Apportez une bonne fumure bien décomposée. Surtout, ne prenez pas d’engrais qui fragiliseraient les plants au lieu de les renforcer. Ils seraient encore plus sensibles aux invasions de pucerons noirs qui les colonisent en juin et juillet. On repique les œilletons souvent par deux, au soleil, en leur laissant assez de place autour pour qu’ils puissent former un large bouquet.
‘Vert de Laon’ et ‘Vert Globe’ sont des variétés rustiques. ‘Imperial Star’ a des grosses têtes très tôt.

 

Tomates : observer ses plants pour mieux les connaître

Une observation attentive de nos plants de tomates nous permettra de mieux comprendre leur type de fonctionnement, leurs fragilités et leurs exigences. Et puis, certaines ressemblances avec d’autres légumes comme la pomme de terre, voire l’épinard, sont tout de même amusantes.

La tomate est généralement présentée  dans les différents ouvrages de jardinage comme étant une plante annuelle herbacée plus ou moins ramifiée. Mais une présentation plus détaillée permet de souligner des particularités de la plante qu’on a tout intérêt à connaître lorsqu’on veut la cultiver.

Une racine pivot fragile
On y prête rarement attention et pourtant c’est un point fondamental. Un plant de tomates est doté d’une racine pivot. Il faut en tenir compte dès le départ en ne laissant pas trop longtemps un jeune sujet dans son godet d’origine au risque de gêner la croissance de sa racine. Soyez méticuleux lors du repiquage. Quant à la plantation en terre, prévoyez un trou assez profond pour ne pas avoir à plier la racine pivot et, là encore, pour faciliter le développement à venir du système racinaire.

Des tiges à tuteurer
Ensuite, le plant est doté de tiges plus ou moins épaisses. Elles sont, dans la plupart des cas, rigides, raides, presque ligneuses en fin de saison. Elles sont recouvertes de poils et sont rêches au toucher. Ces tiges sont souvent ramifiées et atteignent en moyenne 1 m de haut, voire 1,50 m et plus. Il faut absolument les tuteurer car elles plient vite sous le poids des feuilles et surtout des fruits.
Attention : les tiges encore jeunes sont cassantes. Vous devez les manipuler avec délicatesse et les tenir au tuteur solidement, mais sans les étrangler ni les blesser.

Des feuilles très variables
La feuille de la tomate est assez caractéristique du genre. Elle est « composée », c’est-à-dire constituée de folioles (entre 7 et 11) répartis par paires sur le pédoncule avec un seul foliole terminal situé à l’extrémité. Ces folioles forment une feuille plus ou moins longue (10 cm jusqu’à 30 cm) selon les variétés… et la nature du sol ! Ces folioles sont le plus souvent très découpés avec un bord denté (pas toujours) et peuvent  prendre des formes assez variées : ronds, ovales, cordiformes, proches de l’épinard voire de la pomme de terre. Ces feuilles sont essentielles à l’équilibre général du plant. Certains les suppriment pour favoriser l’ensoleillement des fruits, méthode assez discutée par les puristes. Mais à l’inverse, il ne faut pas que le développement foliaire soit excessif car il pénaliserait la formation des fruits. Or, c’est souvent le cas sur certains terrains fortement azotés.

Des fleurs hermaphrodites
Regroupées par cinq ou huit, les petites fleurs en forme d’étoile, jaunes, forment des grappes retombantes. Chaque fleur (diamètre 2 cm) possède à la fois des organes mâles et des organes femelles. Autogame, une fleur peut donc se féconder elle-même avec son propre pollen. Néanmoins, la pollinisation croisée entre plusieurs pieds est plus sûre.

La tomate est une baie
Ces fleurs fécondées donnent donc des fruits. On parle de « baie » puisqu’il s’agit d’un fruit entièrement charnu qui abrite des graines. Celles-ci sont protégées par une sorte de gangue gélatineuse qui les enveloppe individuellement. Sur des variétés de mi-saison on compte à peu près autant de jours entre le semis et les premières fleurs et entre ces fleurs et la récolte des premières tomates mûres.

Le port déterminé ou non déterminé
Dans l’écrasante majorité des cas, le plant grandit et poursuit son développement tant que les conditions le permettent. Les tiges s’allongent, les feuilles poussent et les fleurs apparaissent toutes les trois à quatre feuilles. On parle alors de port indéterminé. Pour ne pas laisser le plant s’épuiser tout seul, on contrôle et limite son exubérance en pinçant les tiges (on parle de taille) et, bien sûr, en les tuteurant.
A l’opposé, il existe des variétés qui stoppent d’elles-mêmes leur croissance dès qu’elles ont produit un nombre déterminé de bouquets de fleurs (souvent trois ou quatre). On parle alors de port déterminé. C’est généralement le cas de variétés naines qui ne demandent ni pincement, ni même un tuteur. On se contente de pailler pour éviter que les fruits ne soient en contact direct avec la terre.

Le concombre-citron

Il a la couleur d’un citron, la forme d’une balle et la saveur douce d’un concombre. Ce n’est pas un nouvel hybride mais une variété ancienne, oubliée et qui mérite largement d’être à nouveau cultivée.

Amusant bien sûr, mais pas seulement. Ce drôle de concombre est aussi savoureux et même pratique. Pourtant, avec toutes ces qualités, cette variété ancienne reste très peu connue.

Un véritable concombre
Ce concombre, petite boule totalement sphérique de la taille d’un citron (8 à 10 cm de diamètre), jaune comme un citron, est bel et bien un concombre (Cucumis sativus). Sa chair blanche est croquante. La saveur est douce, sans amertume si on récolte le fruit pas trop tard. Le feuillage est identique aux feuilles d’une variété de concombre classique en étant tout de même un peu moins encombrant, ce qui est appréciable. Quant à la culture, elle est globalement la même que la culture de n’importe quel concombre.

Un semis en mai pour une récolte en août
Gérard, à Guérande en Loire Atlantique, a pour habitude de faire le semis en barquette dans le courant du mois de mai. Il garde sous serre froide et attend juin pour repiquer en pleine terre sur une parcelle qui a été correctement amendée au printemps. Pour Gérard, cela veut dire l’apport en sortie d’hiver d’un bon fumier de cheval « mûri » durant presque un an. Comme toutes les courges, le concombre est une plante gourmande qui a besoin d’une bonne couche de matières organiques. Attention, certains préfèrent anticiper en faisant le semis en avril. Or, c’est inutile car cette variété est naturellement tardive. Il faut attendre la mi-août (quand l’été est beau) pour commencer à récolter les premiers fruits. On peut aussi semer directement en place fin mai ou début juin, si possible juste après la pleine lune, en faisant des poquets de trois à quatre graines. Comptez normalement une semaine pour que la levée intervienne.

On peut le palisser
Que vous semiez en barquette avec un repiquage à suivre ou que vous semiez en place, pensez à installer juste à côté un grand tuteur à tomates ou tendez un grillage le long du rang. En effet, ce concombre est très facile à palisser compte tenu de son feuillage limité et de ses fruits assez compacts, donc légers. Ça prend peut de place au sol. Les fruits ne sont pas en contact direct avec la terre donc sans risque de pourrissement en cas de pluie ou de rosée matinale excessive. Ça peut faciliter l’exposition au soleil (la plante a besoin de six heures d’ensoleillement par jour). Et ça réduit sensiblement les menaces qui peuvent peser sur cette culture.

Gare au mildiou et aux rats
Rassurez-vous tout de même car ces menaces ne sont pas nombreuses. Il y a surtout le mildiou mais qu’on prévient avec une terre riche, un bon ensoleillement qui varie d’une année à l’autre, et de l’air (d’où l’intérêt de palisser). On réduit aussi les risques avec un purin d’ortie dilué dans les arrosages en début de culture (juin et début juillet). Et on enraye dès les premiers symptômes avec une bouillie bordelaise.
L’autre menace vient des rats et autres mulots qui peuvent roder dans le jardin. La seule vraie bonne solution est encore de ceinturer le potager (ou le carré) d’un grillage profondément enterré.

Pour des graines fiables
Evidemment, en fin de récolte, vous penserez à conserver des graines pour disposer de semences l’année prochaine. Mais gare aux hybridations incontrôlées très fréquentes avec les cucurbitacées. Si vous avez plusieurs cultures au potager, il est plus sage (au moins au début) d’utiliser des graines de semenciers professionnels.

Walter Brousse

 

Choux de Bruxelles : récoltez sans précipitation

Il faut attendre un petit coup de froid pour récolter les premiers choux de Bruxelles. Généralement ce n’est pas avant la fin novembre, voire en décembre. Les petites pommes ont au moins 2 à 3 cm de diamètre (c’est-à-dire la taille d’une belle noix) et ne sont pas encore ouvertes. On cueille d’abord les choux situés sur le bas de la tige en passant d’un pied à l’autre. Prenez votre temps et prélevez uniquement la quantité dont vous avez besoin. C’est sur pied que les choux de Bruxelles se conservent encore le mieux et même s’il fait frais. Ils ne craignent ni la neige ni même un gel bref. Dans l’est et en basse montagne, on pourra couvrir le rang d’un tunnel mais ailleurs c’est franchement inutile. La récolte peut donc se prolonger tout l’hiver.
Toutefois, si vous deviez tout de même récolter tous vos choux d’un seul coup, il est vrai qu’on peut très bien les congeler. Mais dans ce cas, blanchissez-les très vite dans une eau bouillante avant de les placer dans un sac de congélation.

Butternut : un succès largement mérité

On l’appelle Butternut ou Doubeurre. C’est l’une des courges préférées des français. D’origine américaine, elle s’est d’abord adaptée au climat méridional où la chaleur estivale lui convient bien. Puis, au fil du temps, on a appris à la cultiver au nord de la Loire avec des rendements intéressants.

Il ne faut pas démarrer le semis trop tôt
La Butternut est une courge un peu tardive. On compte environ 110 jours entre le semis et la récolte et celle-ci intervient en octobre, voire en novembre dans les régions douces et sans grosses pluies. Il est donc inutile de démarrer le semis trop tôt. C’est essentiel car il faut compter environ trois semaines entre le semis et la plantation en terre. C’est court et le sol doit être alors suffisamment réchauffé et surtout les nuits pas trop froides. La température ne doit pas être inférieure à +12°C. C’est la raison pour laquelle, dans certaines régions, on attend la fin du mois de mars pour planter fin avril et ailleurs on sème en avril pour planter seulement en mai.

Une levée rapide est un gage de succès
Plus la germination s’éternise et plus les risques sont grands d’obtenir des plants fragiles au développement incertain. Pour éviter ça et assurer un bon départ à la culture, on commence par préparer un mélange terreux de qualité : terre de jardin tamisée, terreau et sable à parts égales. On mélange bien et on remplit des godets dans lesquels on sème en poquet (groupe de trois graines). On les place à 1 cm de profondeur et on humidifie le tout en gardant dans un local chauffé (22°C) et lumineux. La levée prend six à dix jours. Si vous semez en pleine terre, à partir de mai, coiffez l’emplacement d’une cloche durant les nuits pour éviter que la germination ne prenne plus de dix à douze jours.

On éclaircit d’abord et on repique ensuite
Une fois la levée intervenue, le développement va vite. Dès que les plants portent deux vraies feuilles (en plus des cotylédons), vous en supprimez deux pour ne conserver que le plus fort du godet. Arrosez sans mouiller le plant mais juste pour garder le substrat frais. Maintenez le godet dans un local aéré mais autant chauffé (+18°C puis dans une véranda à +16°C). On l’endurcit ainsi progressivement et on évite que le plant file trop vite. Il faut de la lumière mais pas de soleil direct. Enfin, quand au jardin on ne craint plus de nuits trop froides, on peut planter en pleine terre.

Une terre vraiment riche et beaucoup de soleil
Comme toutes les courges, la Butternut demande une terre très fertile, c’est-à-dire riche en matières organiques. On aura donc apporté un bon compost maison mais le mieux est encore un fumier bien mûr. Evitez les matières trop riches en azote comme les tontes de gazon décomposées car vous aurez un fort développement de feuilles au détriment des fruits. Certains sèment directement sur le tas de compost et les courges apprécient. Mais on obtient de très belles courges avec une brouette de compost sur 20 m2. C’est déjà très bien. Ces apports de fumures doivent être effectués au plus tard un mois avant la plantation. Répartissez bien sur l’ensemble de la parcelle et enfouissez en ratissant. Reste que l’emplacement doit être très bien exposé. Il faut du soleil et de la chaleur pour que la croissance soit rapide et aussi vigoureuse que possible.

Pincer pour limiter le nombre de fruits
La Butternut fait partie de ces courges dites coureuses. Elle peut ainsi étirer ses longues tiges sur 3 à 4 m de long. Il est donc nécessaire de lui consacrer assez d’espace pour qu’elle puisse prendre ses aises. Généralement, on espace deux pieds de Butternut d’au moins 2 m. Evidemment, on peut limiter son expansion en pinçant ses longues tiges. Cette « taille » est surtout utile pour limiter le nombre de fleurs et donc de fruits. Mieux vaut en garder trois à quatre et pas davantage. Du coup, on rabat après la troisième ou quatrième feuille située derrière la fleur. Cela évite une dispersion de sève et favorise le développement de la courge.

Le paillis est très utile
Normalement, on met en place un paillis dès la plantation sur un sol propre. On étale de préférence une paille bien sèche ou des fougères. C’est à la fois léger et bien couvrant. Ce paillis permet de garder le sol frais plus longtemps après l’arrosage. C’est précieux surtout durant des étés secs et chauds. Les mauvaises herbes sont étouffées et du coup, ne viennent pas prendre de la fraîcheur du sol convoitée par les courges. Enfin, les fruits ne doivent pas rester au contact direct avec la terre car dès qu’il pleut, ils peuvent très vite se gâter. Un bon paillis leur permet de rester toujours au sec. A l’arrosage, dégagez-le du pied. Arrosez au goulot assez lentement pour que la terre puisse absorber. Ensuite, on remet le paillis en place.

Un arrosage copieux qu’on stoppe en fin d’été
On arrose régulièrement, quelle que soit la météo, pour éviter les à-coups de croissance. Si le temps est pluvieux, on arrose moins en volume qu’en cas de chaleurs et de sécheresse, mais on essaie de garder à peu près la même fréquence. Pour être précis, on compte environ 1 à 2 litres par arrosage et par pied un jour sur deux ou sur trois. On utilise une eau chambrée à température ambiante, c’est-à-dire qui est restée stockée dans une réserve d’eau. L’eau en sortie de robinet est toujours trop froide. En juin et juillet, on peut diluer un purin de consoude une semaine sur deux. Ce fertilisant, riche en potasse, favorise la formation de fruits. Evitez le purin d’ortie, très riche en azote, qui fortifiera le plant mais développera surtout les feuilles et ses tiges au détriment des fruits. Les courges ont besoin de cet arrosage régulier dès la plantation et jusqu’au milieu du mois d’août. Ensuite, on ralentit progressivement jusqu’à stopper début septembre car les fruits ont terminé leur développement. Il faut juste leur laisser le temps d’arriver à maturité en prenant toute leur saveur. Si vous continuez à arroser en fin d’été jusqu’à la récolte, vous obtiendrez de beaux fruits mais à la chair souvent insipide.

Récoltez au bon moment
Il faut attendre que les feuilles sèchent  et jaunissent pour s’apprêter à récolter. Il faut aussi que la couleur du fruit vire du beige rosé au beige orangé. Enfin, quand le pédoncule qui tient le fruit est bien sec, on peut cueillir. A l’aide d’un couteau, on coupe ce pédoncule au niveau de son attache sur la tige pour qu’il reste entier sur le fuit. Cela permettra à la Butternut de garder toute sa saveur durant plusieurs mois. Le plus souvent, la Butternut arrive à parfaite maturité en octobre (début ou fin de mois selon le climat et la météo de l’année). Mais il faut aussi savoir anticiper de une à deux semaines si on craint des pluies diluviennes au milieu de l’automne.
Normalement, un fruit affiche un diamètre de 10 à 12 cm, 14 à sa base, pour une longueur de 20 à 25 cm et un poids de 1,5 à 3 kg.

On la garde cinq à sept mois
Si le fruit est de qualité, et qu’on l’a bien récolté avec son pédoncule, on peut le conserver au moins cinq à six mois, parfois sept et même un peu plus, en gardant toutes ses qualités gustatives. Pour cela, il faut le poser sur une bonne couche de paille dans un local aéré où la température reste toujours constante entre 10°C et 12°C, maximum 15°C. Evitez d’entreposer les courges dans des caisses ou des cartons. Evitez aussi d’empiler les courges les unes sur les autres. Elles ne doivent pas se toucher.

Une saveur très appréciée
La Butternut mérite son surnom de Doubeurre car sa chair a une saveur qui tient de la noix de beurre légèrement sucrée avec une touche de muscade. On l’apprécie crue et râpée en entrée ou bien cuite à l’eau pour en faire un écrasé ou un gratin, ou encore sautée à la poêle et même en frites. Les plus gourmands en font des flans et des gâteaux. C’est sans doute la courge la plus appréciée des enfants. Et puis, faible en calories, cette courge est riche en vitamines C, B1, B6 et en magnésium. Elle a aussi des vertus anti-oxydantes.

Walter Brousse

 

Pâtisson : une courge à la saveur fine et délicate

Autrefois bien présent dans les jardins potagers, ce légume ancien a fini par tomber dans l’oubli avant d’être remis au goût du jour il y a quelques années. Sa culture est pourtant des plus faciles.

Courge d’été non coureuse
Originaire du Mexique où sa culture remonte à des temps très anciens, le pâtisson (Cucurbita pepo var. ovifer), encore appelé artichaut de Jérusalem ou bonnet d’évêque, fait partie, comme les courgettes, de l’espèce Cucurbita pepo qui se rattache à la famille des Cucurbitacées. Vigoureux, il forme une touffe dressée buissonnante de 40 cm de haut. Ses grandes feuilles velues et découpées sont portées par de fortes tiges. De grandes fleurs jaunes en cornet, de sexes séparés mais portés simultanément par le même pied, apparaissent du milieu de l’été jusqu’au début de l’automne. Les fleurs mâles donnent des fruits ronds et bombés dont les bords plats sont munis de curieuses excroissances un peu bosselées. Blancs, jaunes, oranges ou verts selon les variétés, ils peuvent atteindre 25 cm de diamètre et peser jusqu’à 2,5 kg. Pour récolter dès la fin juillet, semez fin avril sous serre ou dans la maison, en godets de 10 cm, ou en godets tourbe pour éviter le stress du repiquage.

Semer au chaud ou en place
Placez 3 ou 4 graines par godet après les avoir fait tremper dans l’eau 24 heures afin de favoriser la germination. Recouvrez de terreau. Gardez humide jusqu’à la levée qui se produit en 6 ou 8 jours à une température de 18 à 20°C. Conservez uniquement les plus beaux plants au chaud et à la lumière jusqu’à la mise en place. Vous pouvez aussi semer directement en pleine terre dès le 15 mai.

Sol riche et soleil
Comme toutes les cucurbitacées, les pâtissons sont très gourmands en matière organique et ils apprécient les sols riches et fertiles, surtout en début de culture. Apportez à la plantation 3 kg de fumier ou de compost et complétez par un engrais de fond bien dosé en potasse. Plantez les pâtissons au soleil à 1 m ou 1,20 m de distance en recouvrant la motte de 2 cm de terre fine. Dès la formation des fruits, complétez éventuellement par de l’engrais (type engrais à tomate, riche en bore et magnésie, qui favorise la fructification).

Arrosages fréquents
La végétation très active du pâtisson nécessite beaucoup d’eau, notamment lors des périodes de sécheresse. Arrosez tous les 2 à 3 jours selon le climat et la nature du sol à raison de 5 litres par m2. Ne mouillez pas le feuillage pour limiter les risques de maladies comme l’oïdium et n’utilisez pas une eau trop froide, ce qui entraîne la chute ou le pourrissement des fruits. Pour réduire les arrosages et maintenir la fraîcheur du sol, paillez-les avec de la paille, des paillettes de lin, de chanvre ou même du compost demi-mûr.

Un ou deux pieds suffisent
Même si le pâtisson est un légume prodigue, il est moins prolifique que la courgette. A la différence de celle-ci, il ne s’épuise pas et ce sont en fait les premières gelées d’automne qui mettent un terme à la récolte. De fin juillet ou début août jusqu’en octobre, vous pourrez récolter de 10 à 15 pâtissons par pied. Ne laissez pas les fruits devenir trop gros, leur peau deviendrait dure et la chair perdrait un peu de sa saveur typique d’artichaut. Cueillez-les dès qu’il font 15 cm de diamètre et entreposez-les au frais où ils se conserveront 2 à 3 semaines. En fin de saison, placez une tuile ou une pierre plate sous les fruits pour les protéger de l’humidité du sol.

Les meilleures variétés
Certaines variétés peu connues sont pourtant intéressantes. ‘Croc blanc’ donne des fruits assez petits mais très savoureux. ‘Disco’, qui est précoce, produit des fruits excellents qui peuvent être confits au vinaigre quand ils sont jeunes. ‘Polo’, un pâtisson hybride produit beaucoup de fleurs femelles et donc une quantité importante de fruits à la chair fine et au goût délicat. Parmi les variétés à fruits colorés, il faut citer ‘Orange’. Ses fruits orange vif très découpés comptent parmi les meilleurs sur le plan gustatif, tout comme ceux de ‘Sunburst’, un hybride à fruits jaunes. Il existe aussi des pâtissons verts, notamment ‘Gagat’ dont les fruits presque noirs sont délicieux ou ‘Maskacik’ dont la peau verte est mouchetée de blanc. Ils peuvent se récolter dès qu’ils font 7 cm de diamètre. ‘Patty green’ enfin, est un pâtisson aux fruits verts miniatures qui sont très bons confits ou consommés entiers. Les pâtissons panachés aux fruits striés de vert et de blanc ou de vert et de jaune, offrent des fruits à la chair ferme et goûteuse.

Stéphane Jourdain