Les bonnes raisons de pailler

Laissé nu, un sol s’érode et s’appauvrit très vite. Si on ne le cultive pas, il faut pailler. Il existe plusieurs types de paillage, certains ayant des avantages que d’autres n’ont pas.

Pour quelles raisons faut-il pailler en été ?
On compte huit bonnes raisons de pailler l’été. D’abord pour éviter de voir repousser les mauvaises herbes. Ensuite, pour garder un sol frais en limitant le phénomène d’évaporation de la terre. Un sol nu s’évapore trois fois plus vite qu’un sol couvert. C’est un isolant thermique qui protège les racines superficielles des fortes chaleurs et des sécheresses. Un paillage organique nourrit aussi la terre. Il peut, dans certains cas, acidifier le sol, ce qui est utile pour les plantes de terre de bruyère. C’est l’occasion de recycler utilement des déchets (tontes, tailles…). On évite aussi le lessivage du sol par les averses d’orage et le tassement de la terre surtout sur sol argileux. Enfin, on évite le contact direct avec la terre des tomates, fraises, melons, aubergines et autres courges. C’est bien utile.

Existe-t-il des inconvénients ?
Un paillage isolant empêche le sol de profiter des fraîcheurs nocturnes et des rosées du matin. Il bloque les éventuels semis spontanés pour les plantes qui s’y prêtent. On peut avoir un risque de pourrissement de certaines plantes qui étoufferaient sous un effet de confinement. Enfin, il peut y avoir un risque de « faim d’azote » avec certains types de paillage.

Quelles sont les précautions utiles à prendre en paillant ?
Précisément, pour éviter les pourrissements, on gagne à retirer le paillage en début de printemps. Les plantes respirent et le sol se réchauffe.
On paille toujours un sol propre, débarrassé de mauvaises herbes et ratissé. On laisse le sol nu juste autour du tronc de certains végétaux (rosier, arbuste). On arrose avant la pose du paillage et juste après. Enfin, si on utilise des copeaux de bois qui ont tendance à pomper l’azote du sol, on étale avant une couche de compost précisément pour éviter ce phénomène de « faim d’azote ».

Quels sont les avantages des paillis minéraux ?
Ils sont généralement esthétiques et surtout ils sont presque tous inusables.
L’ardoise peut apporter, à la longue, de l’alumine dans le sol, qui assure le bleuissement des hortensias. Mais qu’il s’agisse de pouzzolane (roche volcanique), de billes d’argile, de gravier blanc, de galets ou même de verres concassés, tous ces paillages sont vite très coûteux.

Quels sont les principaux paillis organiques ?
Les plus courants viennent du jardin. Il s’agit d’abord des tontes de gazon qu’on laisse sécher une semaine avant d’épandre pour ne pas avoir un bloc de feutre putride. On utilise aussi les feuilles mortes (surtout du chêne) qui gardent le sol frais et l’enrichissent d’humus. On récupère encore la paille et les fougères, excellents isolants thermiques qui ont l’avantage d’être légers. Les aiguilles de pin et les écorces sont pratiques au pied des plantes de terre de bruyère pour acidifier le sol. J’utilise aussi les fleurs de camélias. Enfin, le papier journal et le carton sont très efficaces. On peut les recouvrir de terre ou de feuilles pour l’aspect esthétique. Citons encore les paillettes de lin et autres fèves de cacao, esthétiques, efficaces mais coûteuses. Enfin, les copeaux de bois bien broyés sont surtout utiles dans les allées. Mieux vaut les mélanger à des feuilles mortes pour pailler des sols azotés.

Les films plastiques sont-ils déconseillés ?
Certes, le plastique n’est pas une matière très naturelle. Toutefois, les films noirs utilisés pour les rangs de fraisiers sont efficaces pour garder le sol frais et propre, même si on peut leur préférer de la paille. De la même façon, les larges bandes de bâche tissée sont pratiques quand on plante une haie. Reste à les couvrir de copeaux pour les dissimuler.

Quelles plantes doit-on pailler ?
On peut tout pailler sauf les plantes couvre-sol et les rocailles. Au potager, l’ail, l’oignon et l’échalote n’ont pas besoin de paillage. Mais toutes les autres cultures potagères méritent d’être paillées en été. C’est surtout vrai pour les légumes-fruits et les légumes feuilles. En effet, ce sera beaucoup plus compliqué pour les limaces d’aller croquer les salades si elles doivent franchir une barrière de paille ou de fougères sèches. Les massifs de vivaces seront mieux protégés au cours des fortes chaleurs et le sol sera nourri. Les rosiers paillés sont moins exposés aux maladies, notamment au marsonia (maladie des taches noires) et à l’oïdium. Les jeunes arbustes profiteront bien mieux des arrosages copieux qui sont indispensables les deux premiers étés.

Quand faut-il poser les paillages ?
On pourrait presque dire toute l’année. En effet, l’une des règles de base est de ne jamais laisser un sol nu. Pour ma part, je retire les paillages en sortie d’hiver durant un mois (comme vu plus haut), pour laisser respirer les vivaces. Au potager, bien sûr, on attend que les cultures soient effectivement lancées pour les pailler. Du coup, on commence à pailler dès le mois de mai. Il faut prévoir en moyenne une couche de 5 à 10 cm. Un paillage organique aura tendance à se décomposer en quelques semaines. Il faudra souvent le renouveler en fin d’été, surtout en cas de sécheresse. Et puis, en fin d’automne, il faut pailler contre le froid.
Attention, n’attendez surtout pas qu’il gèle pour mettre en place des isolants thermiques.

Jules Bara

Des fleurs de camélias pour le rosier

On a tout intérêt à pailler, surtout l’été. Pour cela, on peut utiliser différents matériaux (paillis minéraux ou organiques).
Ici, nous avons récupéré les grosses fleurs fanées d’un camélia ‘Debbie’ et nous les avons répandues autour du pied d’un rosier. L’idéal est de ne pas en placer contre le tronc pour éviter un pourrissement. On peut même arroser sans déplacer le paillage.

En + : En se décomposant, les fleurs de camélia aident à la formation d’humus qui enrichit la terre.

L’asiminier

Au premier coup d’œil, on le classerait parmi les plantes tropicales. Mais ce petit arbre est assez rustique pour rejoindre nos jardins. On le découvre comme une nouveauté alors que les anciens le connaissent déjà très bien.

Autrefois très apprécié, l’asiminier est depuis longtemps tombé dans l’oubli. On semble redécouvrir aujourd’hui ce petit arbre originaire des Etats Unis, quelque part sur les berges du Mississippi. Il est parfois appelé Paw paw ou arbre à banane. Il est peu connu en France mais sa rusticité, ses caractéristiques et son originalité doivent attirer davantage notre attention.

Une floraison particulière
Son nom botanique est Asimina triloba. L’asiminier appartient à la famille des Annonacées où il fait exception parmi les plantes tropicales et semi-tropicales. C’est un arbre fruitier ornemental qui offre une structure pyramidale dont la hauteur atteint 5 à 8 m, pour une envergure de 2 à 3 m. Le tronc est droit, habillé d’une écorce brun gris, lisse sur les jeunes sujets qui devient rugueuse avec le temps. Il arrive parfois que les racines forment des rejets. Attention car certains connaissent de fortes irritations cutanées au contact des feuilles ou de la peau des fruits. La floraison dure environ six semaines, entre fin mars et début mai, et se fait sur les rameaux nus de l’année précédente. Les fleurs sont d’abord vertes, puis elles virent au brun-pourpre et sont veinées. Elles mesurent en moyenne 4 cm de diamètre et forment une jolie composition de 6 pétales en quinconce et un cœur dense d’étamines jaune beige. Eloignez votre nez car, si la fleur a un charme atypique, elle dégage une odeur de charogne (perceptible seulement lorsqu’on est tout près).
Les organes sexuels n’étant pas mûrs de façon synchrone, la pollinisation croisée est souhaitable et nécessite donc à proximité un autre sujet pour produire des fruits. Il arrive cependant qu’un seul sujet parvienne à s’auto-polliniser, et surtout s’auto-féconder, grâce à la floraison étalée dans le temps. D’ailleurs, comme beaucoup d’autres plantes malodorantes, la pollinisation se fait surtout par les mouches et les coléoptères.

Un fruit étonnant
Le fruit, l’asimine, est une baie jaune lorsqu’il est à maturité. Sa forme est ovoïde-oblong. Il ressemble à une papaye ou une mangue. Souvent groupés, les fruits atteignent leur maturité en fin d’été. Ils sont délicieux et parfumés, la pulpe ayant une odeur de banane vanillée. Selon les espèces et variétés, le fruit est plus ou moins abondant. Il peut peser entre 50 et 400 g. Les fruits de l’asiminier trilobé issus d’une même fleur sont réunis en groupe allant jusqu’à 6 fruits dont la structure rappelle celle d’un régime de bananes, d’où son surnom. Certains fruits peuvent être seuls lorsque tous les autres ovaires de la fleur ont avorté. L’asimine est récoltée à maturité et consommée presque sur place car elle supporte mal le transport. La chair, de texture crémeuse, se déguste à la petite cuillère, après avoir pris soin de retirer les graines plates et noires, au goût désagréable, et qui peuvent s’avérer toxiques.

Rustique jusqu’à -25°C
L’asiminier pousse dans toutes nos régions sauf en montagne. Il aime la pleine lumière, mais supporte aussi la mi-ombre. Malgré son côté exotique, il tient au froid jusqu’à -25° C et aux canicules jusqu’à +40° C. Attention cependant car il n’aime pas les vents desséchants. Il apprécie les sols meubles, profonds et bien drainés. Par contre, il craint le calcaire (pH entre 5,5 et 7,5). Les racines étant sensibles au stress hydrique, mieux vaut planter en automne, ou attendre le tout début du printemps (mars) avant le démarrage de la végétation.

Des vertus médicinales
Très riche en nutriments, la pulpe contient des vitamines A et C et des oligo-éléments. Elle apporte beaucoup de protéines et d’acides aminés équilibrés. Elle est aussi riche en sucres.
Attention aux effets laxatifs en cas d’excès.
Les feuilles peuvent être appliquées aux ulcères, furoncles et abcès, mais elles peuvent aussi provoquer de sérieuses irritations cutanées.

François Willemin

 

Aubergines : gestes utiles

On sait qu’il faut aux aubergines un sol riche et beaucoup de soleil. Mais ça ne suffit pas : il faut aussi un arrosage régulier, tous les trois jours, sans mouiller le feuillage.
On peut apporter un purin de consoude un arrosage sur trois en juillet. Riche en potasse, il favorise la formation des fruits.
Ensuite, il faut pailler pour garder le sol frais, mais aussi pour bloquer les limaces. Elles adorent les jeunes fruits qu’elles dévorent avant que vous ne puissiez les récolter.
Enfin, on doit pincer les tiges des plants au-dessus du second bouquet de fleurs pour éviter qu’elles montent exagérément. On en profite, en cours d’été, pour supprimer les feuilles les plus basses afin qu’elles ne touchent pas le sol.

En + : on peut marier les aubergines avec les tomates et les pois.

Multiplication du laurier rose

C’est en été qu’on multiplie le laurier rose. C’est simple à faire et le taux de réussite est maximum.
Il suffit de prélever l’extrémité d’un rameau sans fleur, de supprimer toutes les feuilles sauf la paire supérieure.
On rabat la tige à 10 cm environ.
On remplit un contenant d’eau et on peut même ajouter un morceau de charbon de bois pour éviter que cette eau ne vire.
On couvre l’ouverture du récipient d’une feuille de papier aluminium qu’on perce pour glisser la bouture. Cette feuille permet de bloquer la tige et évite ainsi que le pied ne touche le fond.
Très vite, des radicelles vont apparaître. Lorsque vous observez un chignon conséquent, vous repiquez dans un terreau très léger en arrosant copieusement.
Deux ans plus tard, vous replantez en terre.

Liserons

Ces adventices adorent s’enrouler autour des rosiers, se faufiler dans les massifs de dahlias, courir dans les rangs de pois et haricots ou couvrir les haies. N’attendez pas la floraison, même si elle est belle, pour intervenir.

Classé parmi les mauvaises herbes, le liseron est redouté, à juste titre, par tous les jardiniers. Il est vrai que sa vigueur, sa croissance ultra rapide, sa capacité à s’enrouler sur tout ce qui l’entoure et à étrangler les tiges les plus chétives, la concurrence qu’il exerce en privant ses voisines de la fraîcheur des arrosages et de lumière sont autant d’inconvénients très pénibles. Il faut donc le supprimer. Mais attention, il y a deux liserons.

Le liseron des champs et le liseron des haies
Le liseron aux fleurs blanches striées de rose est le liseron des champs. C’est un Convolvulus arvensis avec un système racinaire très couvrant. Il se répand vite avec les oiseaux qui disséminent ses graines. Le liseron aux grandes fleurs blanches est le liseron des haies ou Calystegia sepium. Il a une tige pivot et de longues racines rampantes de plusieurs mètres de long. Et quand on sait qu’un seul petit tronçon suffit à donner un nouveau pied, on comprend mieux comment, en passant une motobineuse sur une parcelle, on multiplie encore plus vite ces satanés liserons.

Il faut intervenir avant la floraison
En évitant que les liserons fleurissent, on évite qu’ils grainent et donc qu’ils fassent des semis spontanés. On doit donc intervenir au plus tôt quand on les repère. On a le choix entre couper la tige au sol et couvrir d’une mini bâche pour priver le pied de lumière, ou bien soulever le pied avec un outil pour sortir les racines. On peut aussi repiquer des tagètes (œillets d’Inde) si on fait face à de nombreux liserons. C’est assez efficace. Enfin, sur une parcelle infestée, on peut semer un engrais vert (vesce, phacélie, trèfle incarnat) et tout faucher. C’est efficace et écologique.

Freiner les amendements
Sachez que les liserons prolifèrent sur des sols fertilisés surtout avec des engrais fortement azotés. C’est vrai dans les champs comme au jardin. Si c’est votre cas, rééquilibrez le compost (moins de tontes) et réduisez les volumes apportés.

Jules Bara

L’ensachage des fruits

C’est écologique et économique car on ne traite pas de tout l’été. C’est facile surtout sur les arbres palissés. Les fruits sont plus gros et la peau plus fine.

Avouons-le, on estime généralement que cette pratique de l’ensachage est réservée aux professionnels qui cultivent des fruits de qualité. Or, on a tort. On pense aussi que c’est compliqué et coûteux. On a encore tort !

Les cinq avantages
Ensacher un fruit permet d’éviter les attaques des oiseaux fréquentes sur les raisins. On évite aussi les attaques des guêpes et frelons qui apprécient les poires. Le sachet protège encore des mouches parasites comme du carpocapse. Cela réduit considérablement les risques de certaines maladies comme les tavelures. Enfin, le sachet protège tout de même en cas de fortes averses orageuses, surtout les raisins gorgés de jus en août et donc plus exposés.

Quels sachets utiliser ?
Les sachets appelés housses à fruits sont en papier blanc ou translucide microperforé. Ils sont légers et perméables à l’air. Ils font 22 à 30 cm de long pour 17 à 20 cm de large. On les utilise aussi bien pour une grosse grappe de raisin que pour une belle poire de garde. On peut aussi prendre des sachets en papier kraft brun utilisés sur les marchés. Il faudra juste les perforer de minuscules trous pour que l’air puisse circuler. Attention, quel que soit le modèle retenu, vous devrez attacher le sachet à l’aide d’un élastique que vous positionnerez sur le rameau et non pas sur le pédoncule du fruit qui est trop fragile. Surtout, ne serrez pas trop l’élastique.

Quand faut-il poser les sachets et les retirer ?
L’idéal est d’ensacher quand les fruits sont encore très petits, la taille d’une noix pour les poires et pommes ou d’un pois pour les grappes de raisin. C’est après l’éclaircissage qu’on pratique au plus tard à la mi-juin. Il est utile de pulvériser un mélange de bouillie bordelaise et de soufre deux jours avant pour ensacher des fruits exempts de maladie et de parasite. On retire les sachets deux semaines avant la cueillette pour que les fruits prennent leur couleur naturelle.

Louis Vittu

Rajeunir les heuchères

Les heuchères font partie de ces vivaces qui, après trois ou quatre ans, peuvent dégénérer assez vite. La solution : les rajeunir en les divisant avant qu’elles ne se dégarnissent. C’est un geste simple à réaliser.

Le phénomène est très classique. Qui n’a pas vu ses heuchères, après quelques années, monter en hauteur avec une sorte de petite tige-tronc, à plus ou moins ligneuse épaisse, dégarnie et donc assez moche. Le pied a tendance à se déchausser et meurt. Pourtant, ce n’est pas une fatalité. Pour éviter d’atteindre ce stade, il faut juste diviser le plant au bon moment pour le rajeunir.

C’est à faire tous les trois ou quatre ans
En effet, dans des conditions de culture normales, un beau plant d’heuchères, acheté et installé au printemps, va s’épanouir sans soin particulier durant deux à trois ans (c’est-à-dire trois à quatre printemps-été). Ensuite, la souche rhizomateuse peut tracer, si la terre s’y prête, et faire surgir des jeunes nouveaux plants. Mais le plus souvent, le pied mère s’épaissit et finit par se dégarnir de la base. L’idéal est donc de le rajeunir tous les trois ou quatre ans. N’attendez pas davantage car le pied se fatiguera inutilement.

Une division sans outil
La première chose à faire est de bien observer la base du plant, qu’il soit dans un pot (on peut diviser de gros sujets dès l’achat), ou qu’il soit en pleine terre. Quand vous repérez deux départs, parfois trois ou quatre, vous pouvez diviser. Sortez le plant de terre avec une grosse motte ou dépotez délicatement le sujet de son godet. Ensuite, si la motte est assez fraîche, vous séparez à la main les deux départs en veillant à avoir dans chaque main un beau morceau de rhizome avec, si possible, quelques radicelles et en tête, quelques feuilles. Si la motte est trop compacte, tranchez à l’aide d’une lame de couteau bien nettoyée pour avoir deux beaux sujets. On peut d’ailleurs diviser en trois ou quatre plants une seule et même heuchère.

Un repiquage en godet est utile durant un an
Quand on divise un plant déjà en terre depuis quelques années, on replante en lieu et place le plus gros sujet. L’autre peut l’être également ou bien, et c’est plus prudent, on le repique dans un godet rempli d’un mélange de terreau et terre végétale (éventuellement un peu de tourbe). On tasse bien autour du pied avec les doigts et on arrose au goulot très lentement. Si vous divisez au printemps, conservez le sujet dehors et à l’ombre. Arrosez un peu chaque semaine. En fin d’automne, dans les régions froides, vous pouvez ranger le godet sous serre froide ou châssis. Ailleurs, on peut le garder dehors mais à l’abri des pluies froides et du vent. Au printemps suivant, en avril ou mai, on repique en terre en place définitive.

On peut aussi bouturer
Autre solution pour multiplier vos heuchères, le bouturage est également simple à réaliser. On déterre cette fameuse tige-tronc disgracieuse et on la tranche environ 3 cm sous les feuilles. Utilisez un couteau aiguisé pour obtenir une coupe bien nette. Vous repiquez aussitôt cette bouture en l’enterrant jusqu’à la base des pédoncules des premières feuilles. Arrosez au départ et entretenez avec un arrosage par semaine seulement. Il faut laisser le mélange terreux sécher avant de le mouiller à nouveau. Là aussi, l’enracinement a lieu en un mois à un mois et demi. Mais patientez jusqu’au printemps prochain pour repiquer le plant en pleine terre.

C’est où le bon endroit ?
L’heuchère aime tous les types de sol, même calcaire s’il ne l’est pas trop. Il faut un terrain drainant et plutôt fertile. Apportez un peu de bon compost une fois par an. Le sol doit rester frais avec un paillis épais l’été. Enfin, on conseille souvent de planter à mi-ombre, ce qui veut dire sans le soleil de l’après-midi qui est trop chaud en été, ou à l’ombre légère, c’est-à-dire un soleil filtré par un feuillage léger comme celui du robinier, du frêne ou du peuplier.

Catherine Larenaudie

Clématite Docteur Ruppel

Elle ressemble beaucoup à la célèbre ‘Nelly Moser’. Elle est aussi florifère, aussi précoce et aussi remontante mais, ‘Docteur Ruppel’ est une obtention plus récente qui connait désormais un succès énorme.

Parmi les clématites à grandes fleurs, cette belle ‘Docteur Ruppel’ occupe une place de premier choix. D’abord parce qu’on la voit dans toutes les grandes pépinières. La variété n’étant pas protégée, elle est actuellement l’une des plus reproduites. Ensuite, parce qu’elle a quelques très beaux atouts à faire valoir.

Des grandes fleurs proches de celles de Nelly Moser
La première fois que j’ai vu ‘Docteur Ruppel’, j’ai tout de suite été frappé par la beauté de ses fleurs. Elles sont larges avec un diamètre e 15 à 18 cm, parfois même 20 cm. Elles sont composées de six à neuf pétales (et sépales) d’un rose foncé élégamment marginé de rose plus clair. Au cœur, un bouquet de grandes étamines blanches rehausse l’ensemble. On pourrait presque confondre ‘Docteur Ruppel’ et ‘Nelly Moser’ (variété créée en 1897) tant leurs fleurs sont proches.

Très précoce, elle remonte aussi vraiment bien
J’ai beau savoir que ‘Docteur Ruppel’ est précoce, elle m’a tout de même étonné certaines années en commençant à fleurir dès la fin avril. Après un hiver doux (en Loire Atlantique), elle est capable de fleurir très tôt. En tout cas, en temps normal, elle donne une première floraison en mai qui se prolonge en juin. Les fleurs sont parfois semi-doubles et toujours grandes. Puis, après une pause estivale, cette clématite remonte en septembre avec une seconde floraison d’un à deux mois. Les fleurs sont alors plus petites et moins bicolores que celles du printemps mais restent tout de même très intéressantes.

Un développement moyen mais florifère
C’est vrai, ‘Docteur Ruppel’ n’est pas une clématite réputée pour sa vigueur. Elle a même un développement assez moyen en se hissant à 2 ou 3 m de haut et guère davantage. Elle est tout de même capable d’orner de la plus belle des manières une pergola, un auvent, une arche ou un grillage de clôture. Volubile, comme toutes les clématites, elle enroule les pédoncules de ses feuilles et ses fines tiges autour du support qu’on doit lui offrir. Et puis, bien sûr, encore faut-il savoir la tailler correctement.

Optimisez la floraison avec une taille adaptée
‘Docteur Ruppel’ est un hybride de 1975 issu de Clematis patens, espèce originaire du Japon. Les spécialistes la classent dans le groupe 2 des clématites, ce qui détermine le type de taille préconisé. En termes clairs, la floraison de printemps a lieu sur les pousses latérales des tiges de l’année précédente et la floraison de fin d’été à l’extrémité des pousses de l’année. Du coup, en mars, on rabat une tige sur trois ou quatre à 30 cm du sol, juste au-dessus d’une paire d’yeux, et on nettoie les autres tiges gardées à 2 m en ôtant les brindilles sèches. On peut aussi supprimer en juin les fleurs fanées pour éviter qu’elles grainent en formant ces plumets soyeux (akènes). On facilite ainsi la remontée florale. Avec un peu d’habitude, vous obtiendrez en mai une floraison sur plusieurs étages en fonction de la longueur de vos tailles.

Jules Bara

Salades : éviter les montées à graines

Contrairement à ce que certains pensent, la montée à graine n’est pas une fatalité, et encore moins le fruit du hasard. On peut très bien jouer sur plusieurs paramètres pour réduire considérablement les risques.

Qui n’a pas connu de tels déboires avec ses salades ? La montée à graine intempestive se produit principalement sur les différentes laitues d’été. On éprouve alors un sentiment d’impuissance mêlé d’injustice puisqu’on est persuadé d’avoir soigneusement préparé ses cultures. Pourtant, en respectant quelques bonnes pratiques, on peut réduire considérablement les risques.

Une montaison, c’est quoi ?
Commençons d’abord par nous intéresser au problème. La montée à graine, encore appelée « montaison » affecte un peu certains légumes racines, mais surtout les légumes feuilles et notamment les laitues, qu’il s’agisse des pommées, des batavias et des romaines, même des variétés de laitues à couper. Normalement, une hampe florale qui se dresse et les fleurs qui s’ouvrent pour libérer des graines sont signes de fin de vie du plant. A ce stade, les feuilles épaississent et deviennent impropres à la consommation. Cela devient un problème quand ce phénomène intervient plus tôt que prévu, c’est-à-dire en cours de culture. Et c’est à ce moment là qu’on parle de montées à graines (sous-entendu intempestives ou accidentelles).

Les quatre causes majeures des montées à graines
Il existe plusieurs raisons à ce problème mais on peut tout de même distinguer quatre causes majeures.
La première, et sans doute la plus fréquente, est un coup de chaud brutal. Les jeunes laitues supportent très mal les hausses de température violentes. Or, depuis quelques années, c’est souvent le cas en avril et en mai avec une ou deux semaines très chaudes.
Ensuite, on a remarqué que la montaison se produisait souvent au cours des jours les plus longs de l’année. La fin du printemps est donc toujours une période particulièrement à risques.
La troisième cause classique est un stress hydrique, c’est-à-dire un manque d’eau mais aussi un excès d’eau brutal comme c’est le cas lors d’une averse d’orage très violente. Le plant ainsi « stressé », se sentant en danger, réagit en déclenchant une production de graines pour se reproduire avant de mourir.
Enfin, il ne faut jamais semer les graines de ses propres salades si elles ont été récupérées lors d’une montée intempestive. Les plants qui en seraient issus reproduiraient presque inévitablement le phénomène. On conserve uniquement les graines des plants laissés sur pied à cet effet et donc montés en graines normalement à la fin de leur cycle. Et puis, pour les variétés d’été, le repiquage est toujours une épreuve pour les jeunes plants. C’est la raison pour laquelle on a tout intérêt à semer directement en place et à éclaircir ensuite le rang sans avoir à toucher aux pieds qu’on veut conserver. Repiquer des plants achetés augmente toujours un peu les risques.

En cas de pics de chaleur, il faut ombrer

Pour se protéger des coups de chaud brutaux, il faut dès le mois de mai comme en plein été, ombrer les salades. On peut aligner sur les rangs des cagettes retournées qu’on recouvre d’une vieille toile de jute. On peut également planter des arceaux sur lesquels on étend une toile de 11h à 18h. Seconde mesure, on évite de semer du 10 juin au 15 juillet. Et si en mai on annonce à la météo des pics de chaleur, on patiente une semaine de plus pour faire son semis. En effet, la germination des graines devient beaucoup plus difficile dès que la température atteint 20°C. Dans l’idéal, on sème sur une terre aérée mais non retournée et qui a été enrichie avec un apport de compost.

Bien arroser, ce n’est pas juste apporter de l’eau
Troisième mesure, il faut arroser très régulièrement et ceci quoi qu’il arrive. « Régulièrement » ça veut dire au moins un jour sur trois si le temps est maussade et un jour sur deux si le temps est sec, voire chaque jour en cas de très fortes chaleurs durant l’été. C’est aussi arroser juste après un orage, même en apportant très peu d’eau, simplement pour garder le rythme des arrosages. Attention, on arrose toujours très tôt le matin, avant que le soleil touche le rang et évapore l’arrosage. On peut préférer aussi arroser le soir, la terre ayant ainsi toute la nuit pour absorber tranquillement l’arrosage. On arrose avec un arrosoir et pas au tuyau, pour être précis et verser l’eau doucement au goulot (sans la pomme), juste à côté du plant mais sans le mouiller. On utilise une eau de pluie qui est à température ambiante et pas une eau sortie du robinet, qui est toujours beaucoup trop froide. Enfin, souvenez-vous de ce vieil adage bien utile : un binage vaut deux arrosages. En effet, en cassant légèrement la croute du sol en surface, vous facilitez la pénétration de l’eau dans la terre (et vous en profitez pour désherber). Si vous ne binez pas, l’eau restant plus longtemps en surface va s’évaporer très vite en grande quantité et sera perdue.

Pailler est indispensable
C’est une évidence et pourtant ce n’est pas toujours appliqué. Cette mesure a trois utilités. La première est de conserver le sol frais en permanence. Utilisez de la paille ou des fougères sèches et répandez une bonne couche autour de chaque plant tout le long du rang. Le second atout est de pouvoir décourager les limaces de venir festoyer la nuit. Cependant, restez sur vos gardes car certaines parmi les plus téméraires parviennent tout de même à franchir cette barrière. Troisième avantage, un paillis assez épais empêche les mauvaises herbes de lever. La terre reste propre et les laitues, sans concurrence, ont pour elles toutes seules une bonne terre fertile et régulièrement arrosée.

Echelonner les semis
C’est peut-être une lapalissade mais tout le monde ne le fait pas. Echelonner les semis toutes les trois semaines permet tout simplement d’étaler les récoltes. Et comme on mange des salades presque tous les jours en été, c’est même une nécessité. Mieux, en échelonnant les semis, on étale les risques de maladies et d’accidents de culture comme les montées à graines. D’un mois sur l’autre, les conditions météorologiques ne sont pas les mêmes. Et si vous subissez tout de même une montaison, elle sera limitée en nombre de plants touchés.

Choisir les variétés les moins sensibles
Dans la catégorie des laitues, on retrouve aussi bien les laitues pommées aux grosses feuilles lisses que les batavias aux pommes volumineuses mais aux feuilles cloquées, voire gaufrées ou même frisées, les romaines et les laitues à couper (on coupe les feuilles encore jeunes au niveau du collet et ça repousse). Pour toutes ces laitues, il existe des variétés de printemps qu’on sème sous abri en février et mars, des variétés d’été qu’on sème en pleine terre en mai et juin puis des variétés d’hiver à semer à partir de septembre. Enfin, parmi les variétés d’été, il existe certaines variétés moins sensibles que d’autres aux montées à graines. C’est le cas des laitues pommées comme ‘Grosse Blonde Paresseuse’, la bien nommée ‘Kinemontepas’, ‘Merveille des quatre saisons’, ‘Kagraner Somer’. On peut aussi retenir ‘Reine de juillet’, ‘Justine’ et ‘Augusta’. Parmi les variétés de batavias d’été, la belle ‘Rouge Grenobloise’ est peu sujette aux montaisons. C’est aussi le cas de ‘Pierre Bénite’, ‘Camaro’ et ‘Carmen’. Mais attention, cette dernière, comme ‘Canasta’ ou ‘Kamikaze’ est réputée lente à lever, ce qui n’est pas un avantage. Du côté des variétés à couper ‘Lollo Rossa’ est une valeur sûre.

Jules Bara