L’arbre de Judée

Facile, rustique, florifère, solide, ce petit arbre est très apprécié, surtout sur des sols calcaires. Il s’intègre partout et offre une ombre qui reste légère durant l’été. Pratique !

Qui a la chance d’avoir un arbre de Judée sait que la floraison ne le décevra pas. Mieux, on l’attend chaque année et on ne se lasse pas d’admirer ce rose fuchsia incroyablement lumineux.

Il se couvre de fleurs avant de porter des feuilles
C’est autour de Pâques, entre fin mars et le milieu avril, que les fleurs apparaissent. Elles sont groupées en petits bouquets serrés et couvrent les branches et rameaux latéraux encore dépourvus de feuilles. Le contraste est d’autant plus saisissant que l’écorce est sombre. La fleur, longue d’1 cm, est d’un rose très vif. Certes, l’espèce Cercis siliquastrum compte aussi quelques variétés à fleurs blanches comme ‘Alba’ mais notre préférence va aux floraisons roses de l’espèce type ou des variétés comme ‘Flora plena’ à fleurs doubles, ‘Fructu Rubra’ rouge cerise, ou ‘Sterilis’ d’un beau rose mais ne donnant pas de fruits. En effet, les fleurs, nectarifères mais sans parfum, donnent normalement en fin d’été des fruits sous forme de longues gousses plates, plus ou moins rougeâtres, qui abritent les graines. Ces gousses peuvent rester en place presque tout l’hiver.

Il va bien sur sol calcaire
L’arbre de Judée est toujours en bonne place dans les régions de vigne avec des sols calcaires et secs. Il s’en accommode très bien à condition de soigner la plantation. Cela signifie qu’il faut creuser un trou au moins deux fois plus large que la motte et profond d’un bon fer de bêche. Il faut aussi faire tremper la motte dans une bassine d’eau plusieurs minutes pour qu’elle puisse s’imbiber jusqu’au cœur. Il faut enfin arroser copieusement et assurer durant les deux premiers étés des arrosages réguliers une semaine sur deux. Par la suite, il résistera bien aux sécheresses sans être arrosé. En revanche, sans ces mesures, il peinera à pousser et à fleurir.

Gare aux cas particuliers
L’arbre de Judée est l’espèce Cercis siliquastrum, sujet de 5 à 8 m de haut pour 4 m de large avec cette cime arrondie. Mais il existe d’autres espèces comme C. chinensis qui ne dépasse pas 2 m de haut et C. canadensis et la belle variété ‘Forest Pansy’ aux grandes feuilles violacées au printemps qui virent au rouge orangé en automne. Certes, il est rustique jusqu’à -25°C mais il demande un sol frais, surtout pas trop sec ni trop calcaire. Il diffère de l’arbre de Judée par son allure mais aussi par ses conditions de culture. Et en plus, il existe des pleureurs comme ‘Ruby Falls’ ou ‘Cascading Hearts’.

Il est utile au potager
Dans le Bordelais, en Charente, on plante souvent l’arbre de Judée au potager. C’est vrai qu’il est assez compact pour y trouver une place, mais surtout, comme toutes les autres fabacées, il a le don de fertiliser naturellement le sol en fixant l’azote atmosphérique. Mieux encore, il aurait également un effet répulsif sur les psylles du pommier et du pêcher. Il est à la fois fertilisant et protecteur ; qui dit mieux !

On peut le tailler en mai
L’arbre de Judée ne demande pas expressément à être taillé. Toutefois, naturellement, il va être buissonnant. Si vous souhaitez le conduire sur une seule tige-tronc, vous devrez supprimer les pousses inutiles au cours des premières années de sa formation. Ensuite, on se contente de supprimer les rameaux mal orientés et qui peuvent encombrer la tête de l’arbre. Dans ce cas, intervenez après la floraison, en mai-juin.

En ville et en bord de mer
Enfin, l’arbre de Judée est un solide. Il supporte la pollution urbaine, ce qui lui vaut d’être souvent planté dans les rues des centres-villes. Et il accepte tout autant les embruns salés dans les jardins de bord de mer. Encore faut-il l’avoir planté en plein soleil pour qu’il fleurisse généreusement. Très résistant aux maladies, il vit facilement entre 60 et 100 ans. Et il suffit de faire des boutures semi-aoûtées au milieu de l’été pour le multiplier. Mais dans ce cas, n’attendez pas de floraison avant cinq à huit ans.

Catherine Larenaudie

Coeurs de Marie

On trouvait ces vivaces dans les jardins de curé que nos grand-mères affectionnaient tant. Elles ont gardé ce charme un peu suranné qui leur vaut une place de choix dans les jardins de vivaces. Il existe plusieurs variétés et même deux espèces susceptibles d’intéresser les amateurs.

Parmi les incontournables d’un jardin de vivaces, on retrouve toujours les cœurs de Marie. Ces vivaces apportent une touche romantique qui s’intègre parfaitement dans un jardin anglais. Elles font partie des floraisons de printemps qu’on guette chaque année avec impatience.

Des guirlandes de cœurs dans plusieurs coloris
La plante communément appelée cœur de Marie est une Dicentra, espèce spectabilis. Il s’agit d’une vivace aux racines rhizomateuses. Son aspect est plutôt gracile avec des tiges souples et arquées. Les fleurs, retombantes, ont une forme caractéristique de cœur. Elles sont, sur l’espèce type, d’un rose tendre et un blanc pur. Les feuilles, composées, finement découpées, vert plus ou moins pourpré, sont, elles aussii, très décoratives.  Mais attention, il existe également des cultivars comme ‘Valentine’ aux fleurs entièrement rouges. ‘Alba’ aux fleurs entièrement blanches, plus tardif et plus fragile au soleil que l’espèce type, ‘Goldheart’ aux feuilles vert jaune. Et puis il existe d’autres espèces, notamment D. formosa. Les feuilles sont plus longues, très finement découpées et portées par un long pétiole. Les fleurs sont regroupées en grappes et se dressent parfois au-dessus des feuilles. Sur la variété ‘Luxuriant’, elles sont rose pourpré et blanchissent en fanant. Si les D. spectabilis atteignent 1 m de haut à l’âge adulte, les D. formosa sont deux fois plus petites (40 à 50 cm).  Elles sont plus rustiques et plus tardives avec une floraison en mai et juin donc moins exposées aux dernières gelées. En revanche, il faut vraiment lui réserver un emplacement à l’ombre. C’est indispensable pour ‘Aurora’, qui est une formosa blanche avec un feuillage fin, vert gris bleuté.

Un sol frais et une ombre légère aux heures chaudes
Les cœurs de Marie vont bien sur des sols au pH neutre ou acide. Une bonne terre de jardin, riche en humus, sera parfaite. Mais il faut surtout un endroit ombragé, par exemple sous la ramure d’un arbre caduc, à la fois pour garder le sol assez frais en plein été, mais aussi pour protéger le feuillage des rayons directs d’un soleil qui serait trop chaud. C’est très important les premières années. Par ombre légère, on entend le soleil filtré par les feuilles d’un robinier, d’un frêne ou même d’un chêne aux heures les plus chaudes de la journée à partir de mai. Le soleil du matin peut convenir car il n’est pas trop dur. Sans une ombre protectrice, la plante peut souffrir et sécher sur place. En revanche, il peut arriver qu’elle entre en dormance prématurément, c’est-à-dire dès le courant de l’été. Ne vous inquiétez pas, elle peut repartir au printemps suivant sans dommage. Néanmoins, la bonne précaution à prendre est de garder au sol toute l’année un bon paillis de feuilles.

Une menace à surveiller de très près
Les D. spectabilis sont assez précoces. Dès le mois de mars, des jeunes pousses surgissent. Or, dans un bon nombre de régions, on peut encore craindre des gelées mordantes qui viendraient anéantir le réveil de la plante. Là encore, si vous avez un paillis de feuilles, il devrait suffire à les protéger. Le danger est moins fort dans les régions froides où le réveil naturel a lieu plus tard que dans les régions au climat intermédiaire (par exemple le grand sud-ouest) où des violents coups de froid tardifs causent de mauvaises surprises. En revanche, et c’est un sérieux atout, les cœurs de Marie ne sont pas convoitées par les limaces. Elles sont même délaissées par les gastéropodes comme le sont les giroflées, les jeunes pousses de pivoines, les bleuets. Mais à côté des cœurs de Marie, il y a souvent des heuchères, des tiarellas, des hostas, des pigamons, des brunneras et autres plantes qui elles sont la cible des limaces. Il est donc utile de rester vigilant.

Il ne faut surtout pas les déranger
Rustiques, solides, résistantes aux maladies, les Dicentra ne demandent pas de soins particuliers. Elles demandent juste un peu de patience car il faut compter quelques années (environ 5 ans) pour qu’un sujet puisse prendre sa taille adulte. Alors évidemment, il ne faut surtout pas les déranger durant tout ce temps, mais même par la suite. Les racines rhizomateuses sont fragiles.
Pour multiplier une dicentra, ne cherchez pas à diviser le pied. Optez toujours pour le bouturage d’une racine. Ce mode donne de bons résultats et ne perturbera pas la plante.

On l’arrose seulement la première année
C’est vrai, les Dicentra sont des vivaces de sous-bois clairs et frais. Pour autant, cela ne veut pas dire qu’au jardin vous devez lui assurer un arrosage régulier. Evidemment, la première année, surtout le premier été qui suit la plantation, vous devez assurer un arrosage hebdomadaire au pied du sujet. Cela permettra d’accompagner l’ancrage des racines en terre. Mais les années suivantes, c’est inutile. La plante, sur un bon sol humifère et paillé, n’a pas besoin qu’on l’arrose. Elle pourrait même souffrir de cet excès d’attention. Sur une terre lourde, c’est même souvent la cause de vraies difficultés, voire d’assèchement de la plante dont les racines se retrouvent noyées et donc incapables d’ingurgiter l’eau versée. En réalité on n’arrose pas les cœurs de Marie sauf en cas de sécheresse très prolongée.

Louis Vittu

La rhubarbe contre les limaces

Voilà une astuce qu’il faut tester si vous en avez marre de voir les limaces croquer vos hostas et vos salades.
Prélevez des feuilles fraîches d’une rhubarbe et hachez grossièrement 500 g. Mettez à macérer dans 3 litres d’eau durant 24 heures. Ensuite, filtrez et pulvérisez la solution sans la diluer.

Tiarella : plantez-la à l’ombre

La tiarella connait un franc succès. Excellent couvre-sol, rustique, on aime les épis floraux vaporeux qui s’ouvrent d’avril à juin. Les T. cordifolia, rhizomateuses, rampent vite. Les T. wherryi, non rhizomateuses, se développent plus lentement.

Plantez en avril, à l’ombre ou mi-ombre, au frais, sur sol neutre ou acide. Elles sont cousines des heuchères avec lesquelles on les hybride pour donner des heucherellas.

En + : Arrosez souvent le premier été et paillez bien le sol.

Comment planter des fraisiers dès le milieu du printemps

Avec les beaux jours, reviennent souvent les envies de fraises. C’est bien, mais attention car leur culture au jardin ne s’improvise pas. Voici les quelques gestes utiles qui vous permettront de faire de belles récoltes.

C’est toujours appréciable de pouvoir cueillir des fraises dans son jardin. Mais ne croyez pas qu’il suffit de planter quelques pieds. C’est une culture à part entière avec quelques vraies exigences pour que les conditions réunies permettent de récolter.

Choisir quelles variétés
Mais avant de vouloir des fraises, encore faut-il choisir les variétés. Les amateurs peuvent avoir des préférences marquées. Il y a d’abord les remontantes avec une première récolte en mai et juin, puis une seconde en septembre et octobre. On compte dans cette catégorie ‘Mara des bois’, ‘Rabunda’ très rarement malade, ‘Maïka’, ‘Charlotte’ et plusieurs autres. Il y a aussi des fraisiers non remontants avec une seule production par an en juin. ‘Manille’, ‘Talisman’, ‘Ananas’ et d’autres donnent de gros fruits savoureux. ‘Gariguette’, plus précoce, fructifie en mai.

Quand peut-on planter ?
L’idéal est de planter les fraisiers remontants en avril et les non remontants en octobre. Mais on peut tout de même planter les deux catégories aux deux saisons. En revanche, il faut préparer le terrain un bon mois avant la plantation. Si on plante en avril, il faut se lancer dès le mois de mars.

Pourquoi des billons ?
On commence par ameublir la parcelle tout en désherbant soigneusement. Puis on apporte un bon compost maison qu’on incorpore par un griffage léger. Les fraisiers sont gourmands et, avec le paillage à prévoir, on ne peut pas revenir amender après la plantation (ou difficilement). Soyons donc généreux dès le départ. On laisse reposer au moins trois semaines avant de monter des billons. Il s’agit de relever le rang à 15 cm en rapportant la terre des côtés, ce qui facilite l’écoulement des arrosages ou des pluies. Le pire ennemi des fraisiers est l’excès d’humidité qui cause l’oïdium et surtout la pourriture grise.

Faut-il un film plastique ou un paillage traditionnel ?
Il est certain qu’il faut couvrir le sol pour le garder frais en plein été, étouffer les mauvaises herbes et éviter que les fruits les plus bas ne soient en contact avec la terre sinon ils pourrissent vite. On peut tendre un film plastique noir dès que le billon est prêt ; ça réchauffera aussi la terre. On incise le film d’une croix tous les 30 cm et on plante en prenant soin de placer le collet au ras du sol, ni trop profond, ni pas assez. Le film est très efficace mais appauvrit la terre en la privant d’air et de pluie. On doit arroser plus souvent et renouveler entièrement le rang tous les deux ans. Le paillis de paille, ou de fougère, est plus aéré, léger, efficace. On espace les plants de la même façon et on peut les remplacer tous les trois ou quatre ans seulement.

Trois menaces à surveiller
Si le temps est maussade, gare au blanc (oïdium). Espacez bien les plants pour limiter les risques. La pourriture grise (botrytis) est favorisée par l’excès d’eau. Ne mouillez jamais les feuilles en arrosant.
Enfin, certes, on doit se méfier des oiseaux. Tendre un filet en nylon au-dessus des plants est utile. Mais on risque davantage avec les mulots qui se régalent des jeunes fraises encore vertes.

Walter Brousse

L’amaryllis à l’étroit

Lorsqu’on plante un bulbe d’amaryllis (Hippeastrum), il faut toujours prendre un pot à peine plus large que le bulbe lui-même. Une fois en place, il doit rester 1 à 2 cm entre le bulbe et le pot, pas davantage. Par ailleurs, il faut également planter le bulbe aux deux-tiers, laissant le tiers supérieur à l’air libre. Il ne faut pas enterrer entièrement le bulbe. Enfin, à l’arrosage, on ne mouille surtout pas le bulbe.

Bouillie bordelaise

C’est bien connu, la cloque du pêcher, qui sévit aussi sur d’autres arbres à noyau, se combat quand on ne la voit pas. On traite en automne et en sortie d’hiver. Et à chaque fois, il faut pulvériser une bouillie bordelaise. Mais ce produit fongicide, agréé bio, est également efficace pour prévenir d’autres maladies cryptogamiques qui sévissent sur les arbres fruitiers. Il y a les diverses criblures qui frappent principalement les cerisiers, les rouilles qui touchent surtout les groseilliers, les tavelures qui affectent les poiriers mais aussi les pommiers. Or, il est toujours préférable de traiter préventivement car c’est plus efficace et on consomme moins de produit que si la maladie est déclenchée. C’est pour cette raison qu’il faut intervenir en mars, quand les bourgeons sont bien gonflés et s’apprêtent à éclore. Balayez bien toute la ramure de bas en haut pour couvrir au mieux les rameaux et renouvelez l’opération une fois dix à quinze jours plus tard.

En + : la poudre doit être fine. Ecrasez-la bien avant de la verser dans l’eau pour éviter la formation de grumeaux.

La Pulsatille

Cette petite vivace a peu d’exigences à satisfaire. Chaque printemps, elle resurgit fidèlement pour fleurir. Puis ses plumets échevelés et soyeux brillent dans le soleil jusqu’au milieu de l’été.

J’ai toujours adoré cette petite vivace de printemps. D’abord pour sa floraison, ensuite pour son feuillage duveteux, mais aussi pour ses surprenants plumets soyeux. C’est une plante assez courante dans les régions de la moitié nord du pays qui est beaucoup plus rare dans le Midi.

Ce n’est pas une anémone
On l’appelle communément anémone pulsatille en raison de la ressemblance de ses fleurs avec celles de certaines espèces d’anémone. Mais la pulsatille n’est pas une anémone. Elle fait l’objet d’un genre botanique à part entière, Pulsatilla. L’espèce type P. vulgaris peut pousser spontanément dans certaines régions. Elle a donné des variétés qui diffèrent surtout par les couleurs de la fleur, mauve pour l’espèce, rouge pour ‘Rote Glocke’, vieux rose pour ‘Papageno’, blanc pour ‘Alba’ et parfois avec des fleurs doubles, à très doubles comme ‘Prestbury Strain’.

Des plumets soyeux qui brillent plusieurs mois
Début avril, des tiges sortent de terre et se dressent à 25 cm du sol. Très vite, une fleur solitaire apparait en tête de tige. D’un diamètre de 8 à 10 cm, elle est en forme de cloche retombante et gracieuse. Quand elle fane, ses pétales tombent et la tige continue de s’allonger un peu. Puis, apparait un plumet surprenant, soyeux, qui accroche très bien la lumière. Après plusieurs semaines, le vent disperse les graines et le plumet disparait. Après la floraison survient également le feuillage, finement découpé et lui-même couvert d’une pilosité brillante.

Une puissante racine pivot
Cette petite plante presque délicate, 30 cm de haut, développe une solide tige pivot qui plonge sur plusieurs dizaines de centimètres dans le sol (parfois 1 m). C’est vrai dans les massifs et bordures mais également dans les rocailles. Résultat, la plante ne souffre pas de soif en plein été, même s’il fait très chaud, puisqu’elle trouve la fraîcheur en profondeur. Et en hiver, il peut geler à pierre fendre sans que cela puisse gêner la racine. En revanche, cela signifie qu’il est presque impossible de déplacer la plante, ou seulement si elle est encore très encore très jeune. D’ailleurs on achètera prioritairement des sujets en godet encore petits. Une fois installée, on ne la dérange plus.

Une vraie montagnarde
La pulsatille commune se plaît en plaine et en basse montagne jusqu’à 1 000 m d’altitude. Elle a gardé de ses origines une belle rusticité (jusqu’à -20°C), un besoin d’air et de soleil et le goûts des sols caillouteux, légers et très drainants. Dans une terre de jardin moyenne elle aura tendance à s’étaler au fil des ans pour former une belle touffe de 50 cm de large. Dans une rocaille, son développement restera limité à 20 ou 30 cm de large. La seule solution pour la multiplier est de faire des semis. Dès que les plantules ont quatre vraies feuilles, on repique avant que le développement racinaire soit trop important. On peut aussi récupérer des plants issus de semis spontanés.

Evitez les terres acides
La pulsatille n’est pas très gourmande. Inutile de lui apporter beaucoup de compost chaque année. Elle aime les terres moyennes à pauvres, en tout cas pas trop riches. Le sol peut être neutre ou calcaire. En revanche, évitez les terres franchement acides et les terres lourdes, compactes qui restent humides trop longtemps en hiver. Un bon drainage est essentiel.

Walter Brousse

Pulmonaires

Très rustique, la pulmonaire se plaît aussi bien dans les régions froides de l’est et du centre que sur le grand ouest plus doux. On salue sa floraison précoce, mais on admire surtout ses feuilles aux taches parfois sublimes.

Dans les bois, l’espèce type est déjà surprenante avec ces taches claires qui viennent ponctuer les grandes feuilles vert foncé. Mais ce n’est rien en comparaison des variétés ornementales cultivées au jardin. Sur certaines variétés, on a l’impression que les feuilles ont été éclaboussées de peinture blanche encore toute fraîche. C’est lumineux et vraiment spectaculaire.

Un genre beaucoup plus riche qu’on l’imagine
Pour un bon nombre d’entre nous, la pulmonaire est cette petite vivace téméraire qui surgit des tapis de feuilles mortes en fin d’hiver et fleurit très tôt en saison. Mais qui imagine que ce genre botanique Pulmonaria rassemble une quinzaine d’espèces et de nombreuses variétés propres à séduire les collectionneurs. L’espèce type, P. officinalis, ressemble à la consoude. Elle pousse au pied des arbres et atteint 40 cm de haut. C’est la pulmonaire sauvage. Pour les variétés horticoles avec seulement deux espèces, on a déjà un choix vraiment très large.

Les belles « saupoudrées »
L’espèce P. saccharata, appelée communément la pulmonaire saupoudrée est sans doute la plus importante. Citons ‘Mrs Moon’ aux feuilles éclaboussées de blanc pur. ‘Blue Moon’ a des boutons rose qui virent au violet. ‘Sissinghurst’ a des fleurs blanches. ‘Leopard’ a des feuilles aux taches larges et régulières. On aime ‘Silverado’ pour ses feuilles gris argent. Toutes font entre 20 et 40 cm de haut et s’étalent sur 40 à 70 cm.

Les longues feuilles
Et puis, comme son nom le signale, P. longifolia (synonyme angustifolia) compte des variétés à feuilles plus étroites mais souvent plus longues. Elles atteignent dans certains cas 50 à 60 cm de long ! C’est le cas parfois avec ‘Diane Clare’ aux feuilles argent, ‘Azurea’ aux fleurs d’un bleu dur ou encore ‘Bertram Anderson’ aux feuilles joliment tachées. Ces longues pulmonaires sont persistantes, sauf lorsque l’hiver est très rigoureux, et sont moins sensibles que les P. saccharata aux manques d’eau. Mais elles ont les mêmes besoins.

Plantez au pied des arbres
En effet, toutes les pulmonaires demandent un sol humifère qui reste frais même en plein été. Si les chaleurs sont trop fortes, le risque d’oïdium est élevé. Du coup, l’ombre est obligatoire. Le sol peut être acide ou neutre, drainant ou lourd, argileux mais pas gorgé d’eau l’hiver. L’idéal est de planter au pied des arbres ou d’une haie sans avoir à craindre leurs racines.

On sème ou on divise
Cette vivace, très rustique, fait facilement des semis spontanés. Il faut juste que les graines aient connu au moins un été chaud et un hiver assez vrai pour pouvoir germer. C’est plus prudent d’acheter des graines pour être certain de semer la variété voulue. Les hybridations sont possibles. Mais si vous le pouvez, divisez une plante déjà bien établie. La plumonaire est une rhizomateuse à souche épaisse qui se développe en formant des petites rosettes de feuilles périphériques. La reprise dans les conditions rappelées ici, est très rapide.

Walter Brousse

Le panais

Curieusement, on retrouve plus souvent ce légume sur les étals des marchés que dans les potagers. Pourtant, il est facile à cultiver et très apprécié des gourmets. A votre tour, essayez le panais en vous lançant dès février.

Vive l’hiver, belle saison où le panais est présent dans nos cuisines et sur les étals de nos marchés. Ce légume constitue une savoureuse alternative aux navets, carottes et autres légumes de saison. Facile à cultiver, simple à récolter et délicieux sur la table en version crue ou cuite, salée ou sucrée, voici l’occasion de s’ouvrir à des saveurs anciennes et qui reviennent sur le devant de la scène. Le panais (Pastinaca sativa) est originaire du bassin méditerranéen. Il était déjà bien connu des Grecs et des Romains. Aliment de base au Moyen-âge, le panais fut éclipsé par l’arrivée de la pomme de terre. Mais fort heureusement, avec le regain d’intérêt pour les légumes oubliés, le panais est à nouveau cultivé et apprécié pour ses qualités réelles d’aliment-santé.

Il faut bien préparer la terre avant de semer
Le semis de panais s’effectue de février à juin, mais doit être commencé sous abri tant que subsiste encore des risques de gelées. Une fois le spectre de gel écarté, on peut semer directement en place. Le semis en terre doit se faire dans un sol très léger ou consistant mais allégé avec du sable. Notez qu’il est conseillé de faire tremper les graines deux ou trois heures avant de les semer pour les « réveiller ». Cela permet d’obtenir une levée plus stable et plus rapide.
En février et même en mars, il faut couvrir votre semis avec un voile d’hivernage ou mettre en place un tunnel. Pour s’épanouir, le panais préfère les terres profondes, plutôt fraîches et riches. N’hésitez pas à améliorer votre sol en enfouissant à l’automne un fumier bien décomposé. Si vous ne l’avez pas fait, apportez un compost deux à trois semaines avant le semis et brassez bien en profondeur en passant le motoculteur. Si vous ne disposez pas de ce type de machine, brassez à la fourche bêche pour ameublir le sol sur 20 à 30 cm. Finissez en ratissant bien afin d’éviter les racines fourchues ou déformées. Ensuite, vous pouvez tirer des traits (ou sillons) d’environ 1 cm de profondeur. Espacez chaque trait d’une trentaine de centimètres. Si votre terre est naturellement lourde et même si vous l’avez allégée avec du sable, il est plus prudent de monter des billons (rangs surélevés sur lesquels on sème) qui favoriseront l’écoulement des eaux de pluie. La levée proprement dite prend entre 12 et 15 jours selon la température de la terre. Puis, lorsque les pousses seront suffisantes, vous devrez éclaircir à 15 cm.

Des bons amis et des moins bons voisins
Afin d’améliorer la récolte et la qualité même de vos panais, vous pouvez essayer de soigner le voisinage que vous leur réservez.
Attention, au potager, le panais aime particulièrement la proximité des choux, des radis, des oignons, des haricots et des fèves, mais aussi des salsifis. D’ailleurs, panais et salsifis se sèment en même temps et ont une durée de culture similaire.
A l’inverse, il redoute la présence trop proche des laitues et surtout des fenouils.

Entretien simple mais utile
Le panais ne réclame pratiquement aucun entretien. Comme pour toutes les cultures, vous devrez simplement sarcler et biner de temps en temps pour aérer la terre. C’est l’occasion aussi de faire un désherbage régulier. Les besoins du panais en eau sont assez importants. Il est donc nécessaire d’arroser avec régularité tout au long de l’été pour garder le sol juste frais mais aussi de se méfier des sécheresses de printemps. Attention, arrosez au goulot (arrosoir sans pomme) doucement et sans mouiller les feuilles.

Une rotation nécessaire
Evitez de cultiver le panais au même endroit que l’année précédente. Nous vous conseillons de laisser passer au moins trois ans (voire quatre). Une bonne rotation des cultures permet de ne pas vider la terre des mêmes éléments nutritifs et réduit les risques de parasites. L’idéal est de semer les panais sur une planche ayant été occupée la saison précédente par des légumes fruits comme les tomates ou les aubergines. Le panais, légume racine, plongera plus en profondeur pour trouver les éléments nutritifs qui lui sont nécessaires tout en aérant la terre.

La récolte et le stockage
La production moyenne du panais est d’environ 6 à 8 racines par mètre linéaire. La récolte s’effectue environ 4 à 5 mois après le semis. En étalant les semis de févier à mai, on peut donc étaler les récoltes de juin à octobre et même fin novembre. Pour ce qui est de l’arrachage, soyez prudent en plongeant la fourche-bêche à 20 cm du plant pour ne pas blesser les racines. Notez que les panais résistent bien au froid et qu’ils peuvent donc passer une bonne partie de l’hiver en terre. Ils stoppent alors leur maturation et peuvent être récoltés au fur et à mesure de vos besoins. Certains prétendent même que le gel apporte de la douceur au panais…
Comme la plupart des légumes racines, les panais sont faciles à conserver, aussi bien en terre qu’une fois récoltés. On peut les stocker dans des cagettes, au frais, à l’abri de la lumière, dans un lieu sec et aéré. L’idéal est de les mélanger avec du sable, ce qui améliore encore les conditions de conservation.

D’excellentes propriétés nutritionnelles
Le panais est une bonne source de fibres, il est également riche en minéraux (manganèse, phosphore, magnésium, potassium…). Pour en profiter au maximum, le mieux est de le consommer cru (par exemple râpé en salade). C’est délicieux.
Ce légume est aussi riche en vitamine B9, laquelle participe à la fabrication des cellules du corps et des globules rouges. Il affiche aussi une belle teneur en vitamine C et en vitamine E qui est un antioxydant majeur.
Attention toutefois à sa teneur en glucides, que les personnes diabétiques ou hypoglycémiques doivent considérer. Pour 100 g de panais cru, on compte 1,4 g de protides, 1,6 g de glucides et 0,5 g de lipides.
Régalez-vous !

François Willemin