Plantes flottantes ou émergées, plantes immergées, mais aussi plantes des berges, toutes sont des aquatiques qui méritent notre attention en hiver. Vous nous interrogez sur ce qu’il faut faire : voici nos réponses.
Faut-il protéger les
nénuphars du bassin ?
Les nénuphars sont, dans leur grande majorité, assez rustiques pour supporter
des grands froids. Dans les étangs, ils ont le réflexe de plonger profondément
leurs rhizomes pour les protéger du gel. Dans un bassin de jardin, faites la
même chose : les paniers dans lesquels vous cultivez les nénuphars doivent
être descendus de leurs plots et déposés au fond du bassin. Ils seront alors
beaucoup moins exposés. En effet, quand il gèle en surface, la couche de glace
atteint rarement 5 cm d’épaisseur. Et, très logiquement, plus le volume d’eau
séparant la souche du nénuphar de la glace est important, mieux c’est pour la
plante. C’est vrai aussi pour des iris d’eau (Iris ensata), les
aponogetons et les acorus. Enfin, les jeunes plants de trois ans et moins sont
forcément plus sensibles au grand froid que les plants installés depuis plus
longtemps. Soyez plus vigilant.
Comment mettre à l’abri
les plantes exotiques ?
Il faut prendre la même mesure que pour les autres plantes du jardin : les
rentrer tout simplement à l’abri du gel. Cela signifie qu’il faut les sortir du
bassin de jardin extérieur pour les replonger aussitôt dans une grande bassine
d’eau entreposée sous serre froide ou véranda. L’eau n’est pas chauffée. Elle
est juste à température ambiante. La température du local peut varier autour de
10°C. Ce sera suffisant pour la plupart des aquatiques frileuses. Mais il faut
aussi un espace où la lumière soit suffisante. C’est vrai pour les plantes
flottantes comme une jacinthe d’eau (Eichhornia crassipes) ou les laitues
d’eau (Pistia stratiotes) toutes deux souffrant dès que la température
fraîchit, et même bien avant qu’il ne gèle. C’est vrai également pour les
plantes aquatiques cultivées en pot comme les papyrus.
Quelles sont les
principales erreurs à éviter avec les poissons ?
De nombreuses personnes commettent l’erreur de casser la glace quand il gèle.
Certes, il faut éviter que l’ensemble de la surface du bassin soit gelée. Mais
en cassant la couche de glace, vous causez une onde de choc qui va perturber
très sérieusement les poissons en dormance au fond du bassin. Le mieux est de
faire fondre la glace en douceur en posant dessus une bouilloire pleine d’eau
chaude. On peut aussi laisser flotter un petit fagot de branches, voire un
ballon en plastique, autour duquel la glace a plus de mal à prendre. La seconde
erreur, heureusement moins fréquente, consisterait à donner à manger aux
poissons. Ils ne s’alimentent pas en plein hiver. Ils se posent au fond et dorment
plusieurs semaines à plusieurs mois d’affilée. Il ne faut surtout pas les
déranger, même au prétexte de les aider.
Les feuilles mortes représentent-elles
un vrai danger ?
Oui et c’est toujours assez difficile à admettre car des feuilles mortes
semblent tout à fait anodines. Pourtant, dans l’eau, elles se décomposent et
pourrissent vite avec deux inconvénients majeurs : elles pompent beaucoup
d’oxygène de l’eau et elles émettent un gaz polluant l’équilibre du microcosme
que représente un bassin de jardin. Il est donc vraiment utile de chasser les
feuilles mortes. Sur les petites surfaces, égales ou inférieures à 15 m2, on
peut assez facilement tendre un filet au-dessus de l’eau. En revanche, si le
bassin est plus grand, il faut tout simplement éviter que les feuilles arrivent
dessus. A vous de balayer régulièrement la pelouse qui ceinture la pièce d’eau.
C’est vrai aussi pour les aiguilles et pommes de pin, les brindilles et bois
divers qui peuvent tomber après un bon coup de vent.
Pourquoi faut-il
supprimer des plantes oxygénantes ?
Il ne faut surtout pas les supprimer totalement mais seulement les éclaircir. C’est
en tout cas le bon moment. On fait ça en fin d’automne lorsqu’on range à l’abri
les plus frileuses, ou en début d’hiver quand on nettoie les abords du bassin
et donc la surface de l’eau. La pesse d’eau (Hippuris vulgaris) a
tendance à coloniser la surface libre en peu de temps. Mais il faut aussi se
méfier des autres plantes aquatiques qui prolifèrent. Par exemple, les nymphéas
sont très vigoureux. En quelques années, ils peuvent couvrir la totalité d’une
pièce d’eau même assez grande. Or, il faut laisser au moins la moitié de la
surface à l’air libre. On surveille aussi les lotus, les massettes (Typha
latifolia), certains iris. Les presles et les menthes galopent
également au point de devenir envahissantes. Un manque d’aération et de lumière
cause toujours des problèmes.
Les plantes de berge
risquent-elles moins que les aquatiques ?
Non bien sûr. C’est fonction de la rusticité naturelle de chaque plante. Par
exemple, les énormes gunneras, plantes de berge par excellence, ont besoin d’être
installées sur un sol toujours frais, voire humide. Mais elles sont frileuses.
Il est donc indispensable de les protéger dès que la température s’approche de
0°C. Une couche épaisse de paille bien sèche est nécessaire. A l’inverse, des
astilbes sont bien assez rustiques pour se dispenser de protection. C’est même
vrai des arums (Zantedeschia) pourtant réputées plus ou moins rustiques. Sur
les bords de Charente ou encore sur les bords de Loire où le gel fait tomber le
thermomètre chaque année au moins à – 4°C, les gros bouquets d’arums n’ont besoin
d’aucune couverture. C’est vrai encore des iris des marais, des joncs
classiques et des joncs en spirales (Juncus effusus spiralis).
Louis Vittu