Les hellébores demandent un à deux ans de patience pour donner une première floraison. On a donc tout intérêt à planter sans perdre de temps. Ça tombe bien puisque novembre est un mois propice à cet exercice. Mais le choix est large. Alors profitez-en pour retenir des espèces dont les floraisons se succèdent de la fin de l’automne au milieu du printemps.
Quel plaisir de voir des floraisons en plein hiver. Les hellébores nous offrent cette possibilité avec un grand nombre d’espèces (et de nouveaux hybrides) dont les floraisons se succèdent les unes aux autres de la fin de l’automne jusqu’au milieu du printemps. Les pluies froides, la neige, le gel, la lumière du jour souvent faible, ne les gênent pas. Même les jardiniers débutants peuvent commencer à constituer une petite collection. Quant aux amateurs plus expérimentés, ils auront toujours à cœur d’accueillir quelques nouvelles recrues. Ça tombe bien, c’est le bon moment pour commencer les plantations.
Les hellébores orientales sont les plus faciles
Mais avant de se lancer, faisons d’abord un rapide tour d’horizon des différentes espèces les plus courantes. Helleborus orientalis donne un très grand nombre d’hybrides. Ces plantes ont en général 50 à 60 cm de haut et fleurissent de février à mars ou avril. On trouve des fleurs dans des coloris allant du pourpre au chocolat en passant par le vieux rose, le jaune ou le crème.
Certaines fleurs sont doubles. Très faciles, ces hybrides s’adaptent à tous types de sols avec une préférence pour les terres plutôt acides et fertiles. Attention, il faut une ombre légère pour garder un sol frais même en plein été.
La fameuse rose de Noël
Normalement, l’appellation rose de Noël désigne Helleborus niger et non pas toutes les hellébores. C’est une espèce spécifique, certes connue, mais assez peu répandue. Elle est d’ailleurs plus capricieuse que ses cousines H. orientalis et demande des sols légers, drainants, peu fertiles, même calcaires. En tout cas avec elle, évitez les terres acides et richement amendées. La rose de Noël n’y sera pas à son aise. Précoce, elle fleurit en décembre, comme son nom le laisse supposer.
Sauvage, fétide, mais belle
Il y a aussi H. foetida, l’espèce type qui pousse spontanément en lisière de bois. Elle est bien assez ornementale pour être intégrée dans nos jardins. Elle est solide et forme une grosse touffe de 70 cm de haut. Précoce, sa floraison intervient dès novembre et se prolonge jusqu’à la fin de l’hiver.
Corsicus, sternii et d’autres
C’est une gageure de proposer une sélection d’hellébores, même très sommaire, tant le choix est vaste. Néanmoins, nos préférences vont vers les variétés de H. sternii souvent très originales, H. atrorubens, notamment celles qui ont des fleurs d’un brun rouge rehaussé d’un bouquet d’étamines jaune d’or. Il y a aussi H. corsicus (synonyme nigercors) et ses hybrides plutôt tardifs qui fleurissent dans des teintes plus sophistiquées. Plongez dans les catalogues et observez les collections des pépiniéristes spécialisés.
Un bon départ pour une longue vie
Dans de bonnes conditions de culture, les hellébores ont une longévité de plusieurs dizaines d’années. Pour cela, il faut commencer par apporter des matières organiques (compost ou fumures) avec un terreau de feuilles. Si la terre est lourde, apportez du sable pour faciliter le drainage. L’emplacement doit être à la fois aéré l’hiver et ombragé l’été pour ne pas souffrir d’un soleil trop chaud. Plantez sous la ramure d’un arbre caduc. Au moment de dépoter, dégagez la motte sans déchirer les racines qui sont cassantes. Trempez la motte dans une bassine d’eau pour l’imbiber à cœur avant de la mettre en terre. Inspectez le revers des feuilles pour écraser les éventuelles aleurodes.
Finissez en arrosant au pied. Attention, laissez au moins 25 à 30 cm entre deux pieds car ils se développeront vite.
Quand la floraison s’avère capricieuse
Normalement, une hellébore ne fleurit pas la première année suivant sa plantation. Il faut attendre deux ans et parfois trois pour voir les premières fleurs. Puis, d’année en année, la floraison s’intensifiera. Toutefois, elle peut rester décevante si vous plantez dans un endroit trop sombre et surtout manquant d’air. Il faut aussi supprimer les fleurs fanées et les feuilles sèches ou malades. Il faut arroser entre juin et août si le sol est trop sec. Il faut éviter les apports d’engrais azotés qui favorisent les feuilles au détriment des fleurs. En revanche, il faut fertiliser les sols pauvres. Enfin, divisez les touffes anciennes devenues énormes et qui ont tendance à s’essouffler.
Gare aux semis spontanés
On fait rarement des semis car les graines stockées plusieurs mois perdent leur pouvoir germinatif et parce que, semées très vite, il leur faut plusieurs mois pour lever. Cependant, sur une terre fraîche, meuble et fertile, les semis spontanés sont nombreux. Là encore, il faut attendre un ou deux ans pour les déplacer. Mais sachez que les variétés et espèces d’hellébores s’hybrident très facilement entre elles. Résultat : les jeunes plants récupérés sont rarement identiques au pied-mère si vous avez plusieurs hellébores au jardin.
Jules Bara