Les protections hivernales efficaces et pas chères

Depuis quelques années, les hivers sont un peu moins rigoureux et surtout moins longs. Mais il suffit de deux ou trois coups de froid pour perdre beaucoup au jardin. Or, il existe des protections efficaces et simples.

Avec quoi peut-on pailler efficacement ?
De la paille bien sûr, mais pas n’importe comment. Il ne faut pas que cette paille soit trop compressée sinon elle pourrait provoquer un pourrissement de la plante. On peut aussi utiliser des frondes de fougères fanées qu’on récupère dans les bois. Le mieux est de les effeuiller pour que le paillis constitué soit à la fois dense, léger et aéré. On ne risque jamais un pourrissement avec un paillis de fougères. On peut aussi récupérer des feuilles mortes de chêne qui fertilisent la terre en se décomposant. On peut, en automne, épandre une bonne couche d’un terreau de feuilles mortes et de tontes. Ça isole du froid et ça fertilise la terre. Les aiguilles de pin sont efficaces l’été pour protéger du soleil et de l’évaporation du sol, mais très peu l’hiver contre le froid.

Peut-on emballer entièrement les plantes frileuses ?
Non, c’est vraiment déconseillé. Si vous devez protéger la partie aérienne d’un arbuste, par exemple un laurier rose ou un camélia, emballez toute la ramure mais laissez le sommet à l’air libre. L’air doit passer quitte à ce que les extrémités de quelques branches gèlent. Si vous encapuchonnez trop un arbuste, il risque fort de pourrir. Si, toutefois, vous tenez absolument à lui coiffer la tête, faites-le avec un voile de forçage mais pas avec un carton épais ou un plastique. Et en plein hiver, profitez des belles journées ensoleillées pour ouvrir les protections et laissez le sujet respirer. Evidemment, en fin de journée, vous devez tout remettre en place.

Pourquoi mettre les plantes en pot dans des caisses à poisson ?
Parce que le froid remontant par le sol, il est utile d’isoler le fond du pot. C’est encore plus vrai si le sol est en dalles ou en béton (comme souvent sur les terrasses). Or, le polystyrène est un excellent isolant. Du coup, en plaçant une plante en pot dans une caisse à poisson, on évite que le gel remonte par le fond et on protège même la paroi du pot, donc la motte. Il suffit de glisser ensuite, entre le pot et la caisse, de la fougère ou de la paille, et d’en mettre en surface pour parfaire le dispositif. A défaut de paille, utilisez des pages de journal (pas de magazine) que vous froissez. Ce papier journal est l’un des meilleurs isolants thermiques déjà utilisé par les anciens.

Pourquoi et quand bâcher les plantes ?
Essentiellement quand il neige ou quand il pleut. En plein hiver, les pluies sont très froides et la nuit cet excès d’humidité gèle. Il est donc possible de bâcher temporairement, quelques jours seulement, une plante fragile.
Au potager, on peut planter des arceaux sur un rang et les couvrir d’une bâche plastique pour former un tunnel de fortune. N’oubliez pas que  le niveau de rusticité d’une plante varie toujours en fonction de la nature du sol. Plus il est drainant, plus le froid peut être intense. Moins c’est drainant et moins la plante résistera.

Comment protéger les floraisons précoces des arbres fruitiers ?
D’abord en tenant compte de la précocité des variétés fruitières au moment de les choisir. Il existe quantité de pruniers dans l’est et le nord-est qui ne craignent pas les gelées tardives de ces régions. Ensuite, en plantant à l’abri des vents dominants, surtout venant du nord, car plus le vent souffle et plus la température descend. Enfin, en évitant de planter en plein champ pour préférer des formes à palisser contre un mur orienté vers l’est. En effet, avec cette exposition, les arbres subiront des écarts de température moins importants entre le jour et la nuit. Cette alternance répétée plusieurs fois entre gel et dégel est toujours très mal tolérée. Notez encore que, dans les potagers de qualité, ces murs sont toujours dotés d’une petite couverture de tuiles qui met à l’abri des pluies froides une bonne partie des branches palissées. Ce détail est souvent déterminant pour éviter de perdre des floraisons venues trop précocement.

Pour un châssis on isole à l’intérieur ou à l’extérieur ?
On isole contre le froid toujours à l’intérieur, quitte à poser à l’extérieur, sur les vitres, un paillasson qui prendra le givre. Dans le cas d’un châssis, vous glisserez dedans de la paille autour des plantes. Dans le cas d’une serre froide, vous apposerez un papier bulle (les bulles contre la vitre). Vérifiez le pourtour des ouvertures sans les bloquer. Vous devez pouvoir ouvrir facilement une porte ou un battant pour permettre l’aération (même légère) du local.

Que faire en cas de chute brutale de la température ?
Il suffit que le thermomètre oscille entre -8° et -2°C durant quelques jours seulement pour tout perdre (premiers semis, boutures, jeunes plants, frileuses). Dans ce cas 30 minutes d’un chauffage électrique en début de nuit (vers 21h) permet d’éviter le pire. Pour les formes fruitières palissées on peut tendre une grande toile de jute, ou un double voile de forçage, le long du mur en fin de journée, avant que le froid intense commence à mordre. C’est plus efficace qu’on l’imagine.

Catherine Larenaudie

 

Le concombre-citron

Il a la couleur d’un citron, la forme d’une balle et la saveur douce d’un concombre. Ce n’est pas un nouvel hybride mais une variété ancienne, oubliée et qui mérite largement d’être à nouveau cultivée.

Amusant bien sûr, mais pas seulement. Ce drôle de concombre est aussi savoureux et même pratique. Pourtant, avec toutes ces qualités, cette variété ancienne reste très peu connue.

Un véritable concombre
Ce concombre, petite boule totalement sphérique de la taille d’un citron (8 à 10 cm de diamètre), jaune comme un citron, est bel et bien un concombre (Cucumis sativus). Sa chair blanche est croquante. La saveur est douce, sans amertume si on récolte le fruit pas trop tard. Le feuillage est identique aux feuilles d’une variété de concombre classique en étant tout de même un peu moins encombrant, ce qui est appréciable. Quant à la culture, elle est globalement la même que la culture de n’importe quel concombre.

Un semis en mai pour une récolte en août
Gérard, à Guérande en Loire Atlantique, a pour habitude de faire le semis en barquette dans le courant du mois de mai. Il garde sous serre froide et attend juin pour repiquer en pleine terre sur une parcelle qui a été correctement amendée au printemps. Pour Gérard, cela veut dire l’apport en sortie d’hiver d’un bon fumier de cheval « mûri » durant presque un an. Comme toutes les courges, le concombre est une plante gourmande qui a besoin d’une bonne couche de matières organiques. Attention, certains préfèrent anticiper en faisant le semis en avril. Or, c’est inutile car cette variété est naturellement tardive. Il faut attendre la mi-août (quand l’été est beau) pour commencer à récolter les premiers fruits. On peut aussi semer directement en place fin mai ou début juin, si possible juste après la pleine lune, en faisant des poquets de trois à quatre graines. Comptez normalement une semaine pour que la levée intervienne.

On peut le palisser
Que vous semiez en barquette avec un repiquage à suivre ou que vous semiez en place, pensez à installer juste à côté un grand tuteur à tomates ou tendez un grillage le long du rang. En effet, ce concombre est très facile à palisser compte tenu de son feuillage limité et de ses fruits assez compacts, donc légers. Ça prend peut de place au sol. Les fruits ne sont pas en contact direct avec la terre donc sans risque de pourrissement en cas de pluie ou de rosée matinale excessive. Ça peut faciliter l’exposition au soleil (la plante a besoin de six heures d’ensoleillement par jour). Et ça réduit sensiblement les menaces qui peuvent peser sur cette culture.

Gare au mildiou et aux rats
Rassurez-vous tout de même car ces menaces ne sont pas nombreuses. Il y a surtout le mildiou mais qu’on prévient avec une terre riche, un bon ensoleillement qui varie d’une année à l’autre, et de l’air (d’où l’intérêt de palisser). On réduit aussi les risques avec un purin d’ortie dilué dans les arrosages en début de culture (juin et début juillet). Et on enraye dès les premiers symptômes avec une bouillie bordelaise.
L’autre menace vient des rats et autres mulots qui peuvent roder dans le jardin. La seule vraie bonne solution est encore de ceinturer le potager (ou le carré) d’un grillage profondément enterré.

Pour des graines fiables
Evidemment, en fin de récolte, vous penserez à conserver des graines pour disposer de semences l’année prochaine. Mais gare aux hybridations incontrôlées très fréquentes avec les cucurbitacées. Si vous avez plusieurs cultures au potager, il est plus sage (au moins au début) d’utiliser des graines de semenciers professionnels.

Walter Brousse