Sa floraison spectaculaire, son parfum, la beauté du feuillage persistant font du mimosa un arbre exceptionnel. Pourtant, si son succès va croissant, il est aussi de plus en plus souvent décrié par des amateurs éclairés.
Le mimosa est-il la peste végétale si dangereuse qu’on décrit ?
Dans le Midi et surtout en Provence et Côte-d’Azur, le mimosa (Acacia dealbata) est depuis plusieurs années classé parmi les plantes invasives. Cela signifie qu’on ne maîtrise pas sa prolifération dans les garrigues et qu’il menace très directement la biodiversité là où il se multiplie tout seul à grande vitesse. Aujourd’hui, il est devenu très présent sur un grand quart sud-ouest du pays et même sur l’ensemble du littoral atlantique. On le retrouve jusque sur le bord de Manche.
Faut-il vraiment le planter loin des habitations ?
On peut planter un mimosa près d’une maison mais en contrebas pour ne risquer aucune mauvaise surprise. Cependant, il faut faire très attention car, à l’instar d’un saule pleureur, le mimosa va aller chercher en sous-sol la fraîcheur là où elle se trouve, quitte à percer une canalisation ou un regard avec ses racines.
Pour quelles raisons certains jardiniers émérites le bannissent ?
Parce qu’ils estiment que rien ne pousse sous la ramure d’un mimosa et même au-delà. Il est vrai que cet arbre émet de puissantes racines sur plus d’une dizaine de mètres autour du tronc et celles-ci assèchent le sol. Elles pompent systématiquement la fraîcheur, ce qui vous oblige à de trop nombreux arrosages pour tenter de satisfaire les besoins en eau des vivaces que vous planteriez dans les parages. Pire, l’arbre exsuderait une substance qui bloquerait la croissance de bon nombre de végétaux. J’ai moi-même constaté que les bulbes n’y étaient pas très heureux. Les iris ne fleurissent pas, les dahlias peinent, les grandes marguerites et les lis pourtant superbes disparaissent. De son côté, une amie m’assure que depuis qu’elle a abattu son mimosa, elle a pu planter des sauges, des campanules, des astrances, une ballote, des pulsatilles, des heuchères. C’était jusque-là impensable.
Ne peut-on pas contenir la croissance d’un mimosa ?
Si, bien sûr. Le mimosa supporte d’ailleurs très bien les tailles les plus drastiques. Un voisin n’hésitait pas à le rabattre au départ des charpentières un an sur deux ou sur trois, juste après sa floraison. Cela permet effectivement de contenir le volume de la ramure et donc son ombre portée. En revanche, les racines, elles, peuvent continuer tranquillement à se développer en sous-sol en continuant à concurrencer les autres arbustes et vivaces.
N’existe-t-il pas des plantes qui peuvent pousser sous un mimosa ?
Si et le choix est même assez large au vu des témoignages recueillis. Un arbuste comme le Viburnum carlesii, la clématite ‘Julia Correvon’, la grande Setaria palmifolia, des cheveux d’anges (Stipa), font l’affaire. On peut aussi essayer des miscanthus comme M. zebrinus, des euphorbes (E. characias voire E. polychroma), et même l’Aster laterifolius ‘Lady in Black’. Chez moi, les belles de nuit sont indifférentes au mimosa et continuent à fleurir chaque été en étant toujours envahissantes. La pervenche (Vinca minor) fonctionne bien. On m’a encore conseillé une gaura, la classique G. lindheimeri, qui se tient bien sur des sols secs. On peut même envisager des agapanthes qui aiment le soleil et ne demandent pas d’arrosage l’été.
Mais pourquoi cet arbre connaît-il un aussi grand succès ?
Tout simplement parce que sa floraison est superbe, délicieusement parfumée et qu’elle intervient en plus en hiver (février ou mars, parfois janvier). Parce que l’arbre est doté d’un feuillage très décoratif et persistant. Il apporte une ombre portée légère en été. Et il ne demande aucun soin. En plus, depuis quelques temps, on dispose de cultivars rustiques qui peuvent tenir sous des hivers rigoureux.
La culture en bac est-elle envisageable ?
Oui, bien sûr, et c’est vrai pour le mimosa à floraison hivernale (Acacia dealbata) mais aussi pour les autres espèces notamment le mimosa des quatre saisons. Il faut planter l’arbuste dans un pot juste un peu plus grand que sa motte et rempoter dans un contenant plus grand un an sur deux jusqu’à planter dans un bac. Le drainage doit être excellent et vous devez l’installer au soleil (au moins trois heures par jour). Sur une terrasse, méfiez-vous des courants d’air. La température peut tomber jusqu’à -8°C en sachant tout de même que le mimosa sera plus exposé que s’il est planté en pleine terre. Si le froid s’intensifie, rentrez le bac dans une serre froide mais surtout pas dans un local chauffé. Enfin, en bac, vous devez arroser très régulièrement, c’est-à-dire un jour sur deux en plein été quand il fait très chaud, un jour sur quatre au printemps et en automne et même en plein hiver au moins une fois tous les dix jours. Si vous taillez, allez-y en douceur après floraison, mais normalement l’arbre se nanifie spontanément s’il est en bac.
Comment faire si on veut s’en débarrasser ?
Si vous devez abattre un mimosa, opérez de préférence en entrée d’hiver quand il est moins vigoureux. Mais attendez-vous tout de même à le voir produire des rejets très nombreux sur plus de dix mètres à la ronde. Pour en finir avec ces pousses, il faut détruire la souche sur place en perçant des trous sur la coupe qu’on remplit de gousses d’ail. En germant, elles accélèrent le pourrissement. Certains utilisent du chlorate de soude ou d’autres produits chimiques et polluants. Je préfère éviter !
Catherine Larenaudie