La sortie de l’hiver est le moment choisi pour fournir un peu de matières organiques aux pivoines. Ce sera soit un compost maison, soit un fumier bien mûr qu’on enfouit en terre par petits griffages légers et répétés. En effet, il faut être particulièrement attentifs pour ne pas blesser les racines superficielles et les jeunes bourgeons émergeants des pivoines herbacées. On peut aussi apporter le compost en hiver et le laisser reposer au sol car il pénétrera lentement la terre. Cependant vous devrez finir le travail en mars en griffant avec précaution. Cet amendement organique, une fois par an, est suffisant et vous dispensera de tout engrais chimique. Vous pouvez aussi donner un coup de pouce aux pivoines par le biais d’un purin de consoude riche en azote (plus propice au botrytis). Mais attention : si à l’annonce du printemps nos pivoines ont faim, elles n’ont pas soif. N’oubliez jamais que cette plante craint terriblement l’excès d’humidité. Certes après la plantation on assure durant deux ans, du printemps à l’automne, un arrosage hebdomadaire, surtout si le temps est sec. Ensuite, on se contente d’arroser avant et après la floraison et tous les douze jours en cas de sécheresse. Mais en temps normal la plante se débrouille toute seule si la terre est légèrement fraîche et bien drainée. Même en été, si certaines feuilles grillent, n’augmentez pas les arrosages. Vous risqueriez d’étouffer votre pivoine.
À notre avis : L’amendement est essentiel en terre lourde ou naturellement pauvre, sur les sujets âgés et si des plantes voisines sont trop proches.
Les pivoines font partie de ces vivaces relativement courantes et pourtant largement méconnues. Pire, elles font l’objet de préjugés tenaces qui n’encouragent pas à les cultiver. Résultat : on en voit trop peu aujourd’hui alors qu’elles jouissaient d’une place de choix dans les jardins de nos grand-mères. Il est donc temps de vous rassurer et d’en planter !
C’est toujours surprenant de voir à quel point les pivoines suscitent d’idées préconçues et totalement erronées. Si tout le monde admire leurs floraisons, trop rares sont ceux qui les cultivent. Or, comme pour toutes les plantes, il suffit de satisfaire leurs exigences pour qu’elles donnent le meilleur. Et ce n’est vraiment pas très compliqué de les satisfaire.
On les dit capricieuses et très exigeantes
C’est faux : il faut d’abord être attentif à l’exposition qu’on leur offre. Les pivoines herbacées ont besoin d’un grand soleil pour bien fleurir. Il suffit d’une ombre légère trop longtemps dans la journée pour freiner, voire bloquer la floraison. Il faut aussi les installer à l’abri du vent pour éviter que les fleurs à peine ouvertes ne se dénudent tout de suite. Et puis, seconde exigence à satisfaire, il faut planter dans une terre fertile, franche et drainante. Si ce n’est pas le cas, il faut absolument apporter, une fois par an, à l’automne, un bon compost maison. La pivoine n’a pas besoin d’être arrosée (sauf la première année) mais elle doit être bien nourrie.
On leur reproche d’avoir une floraison trop brève
Les fleurs sont tellement belles qu’on aimerait bien les garder plus longtemps et c’est vrai que la floraison d’une pivoine ne dure que dix à quinze jours. Mais les variétés les plus précoces chez les seules pivoines herbacées (je ne parle pas des pivoines arbustives) fleurissent dès le 10 avril, puis entre le 25 avril et le 10 mai pour les variétés de mi-saison qui sont les plus nombreuses, et du 10 au 25 mai pour les tardives, voire pour certaines jusqu’aux derniers jours de mai. Et puis, il y a également les hybrides de Paeonia lactiflora qui fleurissent en juin, les plus tardives étant souvent avec des fleurs très doubles. La période de floraison est aussi fonction du climat de votre région et de la météo de l’année. Néanmoins, en choisissant à bon escient des variétés, on peut obtenir des floraisons qui se succèdent durant au moins un bon mois, voire davantage. Par ailleurs, les pivoines ne brillent pas uniquement par leurs floraisons mais aussi par leurs feuillages. Les feuilles sont plus ou moins découpées, plus ou moins larges, certaines sont roses et bronze avant de verdir en été, d’autres virent au rose carmin ou au jaune en automne. Ils constituent aussi un élément très décoratif au jardin.
Elles se couchent trop vite à la moindre pluie
Il est vrai que sur certaines variétés (pas toutes) les fleurs très doubles pèsent vite très lourd. Et il suffit d’une pluie pour les alourdir encore plus. C’est pourquoi il faut soutenir les tiges de ces variétés. Il existe des tuteurs adaptés qui permettent de maintenir dressées les tiges en un bouquet assez dense. On les met en place dès le début de la sortie des tiges. Certains laissent en place tout l’hiver pour baliser l’endroit et éviter ainsi de le piétiner inutilement. C’est en tout cas la seule bonne solution en pleine floraison. Une fois fanées, les fleurs sont rabattues et il reste seulement le feuillage qui, lui, ne se couche pas.
On les croit fragiles malgré une longévité record
Est-ce parce que leur floraison est assez brève ? Ou est-ce parce que leurs fleurs, parfois sophistiquées, impressionnent ? En tout cas, beaucoup de gens pensent à tord que les pivoines sont des vivaces fragiles. Or, plantées au bon endroit, c’est tout à fait l’inverse. Les pivoines ne demandent aucun soin particulier. Elles ne craignent pas de parasites à l’exception des nématodes (petits vers qui peuvent s’attaquer aux racines) et des otiorynques (charançons qui dévorent les feuilles). Elles peuvent ainsi fleurir chaque année pendant plusieurs décennies et faire preuve d’une longévité record rarement égalée par d’autres vivaces.
Les herbacées seraient moins belles que les autres
C’est vraiment mal connaître le monde des pivoines et la diversité des herbacées. Certes, les arbustives, toutes originaires de Chine, comptent des sujets extraordinaires issus des deux espèces majeures que sont Paeonia suffructicosa et Paeonia lutea. Mais les herbacées, originaires du Nord, d’Europe et d’Asie, ne sont pas en reste. On connaît chez nous l’espèce type P. officinalis mais la seule espèce P. lactiflora compte des variétés sublimes. Citons quelques uns de nos coups de cœur comme ‘Do Tell’ avec de grandes fleurs simples (18 cm) aux larges pétales d’un rose délicat. Au centre, un bouquet de pétaloïdes et étamines rehausse l’ensemble. Elle peut être de mi-saison dans certaines régions et carrément tardive ailleurs. ‘Colette Thurillet’ est plus clinquante avec une fleur simple, large (15 à 20 cm) dans un rose soutenu tirant sur le mauve. Au cœur, un bouquet de pétaloïdes jaune citron, bien dressé, contraste joliment. Plutôt tardive, cette variété se tient très bien grâce à des tiges assez raides. ‘Président Wilson’ se plaît aussi bien dans le Midi où les étés sont chauds et longs qu’en Picardie. C’est une variété difficile à trouver. Ses fleurs très doubles sont remarquables, d’autant plus que la plante ne dépasse pas 80 cm de haut. Il est indispensable de bien la tuteurer pour éviter qu’elle se couche. Elle est tardive, surtout au nord de la Loire. ‘Solange’ surprend par ses fleurs globuleuses d’un blanc pur, nacré, parfois taché de rouge sang. C’est une tardive. ‘Felix Suprême’ forme en quelques années un beau massif au feuillage abondant avec des fleurs doubles d’un rouge rubis profond. C’est une vraie tardive qui ne fleurit pas avant la fin mai. Elle se tient bien et reste florifère si elle est au soleil et sans trop de vent.
Les hybrides sont-ils plus fragiles ?
On trouve également des hybrides étonnants. C’est le cas de ‘Moonrise’ avec une végétation luxuriante et des grandes fleurs simples, blanches, à l’aspect de pavot, avec un cœur jaune puissant. Il faut parfois patienter quatre ans pour qu’elle commence à fleurir et sept à huit ans pour qu’elle prenne son rythme. Mais ce n’est pas un signe de fragilité. Quant aux pivoines itoh, il s’agit en fait d’hybrides issus de croisements entre l’arbustive P. lutea et l’herbacée P. lactiflora. Elles ont la vigueur de la première avec des fleurs très doubles mais disparaissent l’hiver comme la seconde. Le résultat est spectaculaire.