On sait que les gunneras géantes sont frileuses. Elles survivent jusqu’à -7° C mais elles souffrent. En réalité, dès que les températures deviennent négatives, elles commencent à peiner. C’est la raison pour laquelle on a tout intérêt à bien les protéger durant tout l’hiver. Dans les parcs, on n’hésite pas à les emballer.
On commence par couper les grandes feuilles. On couvre la souche d’une épaisse couche de paille sèche. On peut coiffer avec les feuilles posées sur le dessus et à l’envers.
Enfin, on tend un voile de forçage qui a le double mérite de maintenir en place la protection et de garder à l’abri des vents.
L’aspect est curieux mais c’est très efficace.
Gare aux chevreuils
Depuis quelques années, les chevreuils sont de plus en plus téméraires. Ils n’hésitent plus à entrer au jardin pour venir croquer les troncs des arbres récemment plantés. L’écorce et le bois sont encore très tendres. Les dégâts qu’ils occasionnent peuvent être rédhibitoires.
Pour s’en prémunir, on doit juste entourer le tronc d’un grillage (en métal ou en plastique épais). On le fixe en terre à l’aide d’un crochet et on couvre le tronc jusqu’à 1,50 m du sol, hauteur accessible par un chevreuil affamé qui dresse son cou.
Les protections hivernales efficaces et pas chères
Depuis quelques années, les hivers sont un peu moins rigoureux et surtout moins longs. Mais il suffit de deux ou trois coups de froid pour perdre beaucoup au jardin. Or, il existe des protections efficaces et simples.
Avec quoi peut-on pailler efficacement ?
De la paille bien sûr, mais pas n’importe comment. Il ne faut pas que cette paille soit trop compressée sinon elle pourrait provoquer un pourrissement de la plante. On peut aussi utiliser des frondes de fougères fanées qu’on récupère dans les bois. Le mieux est de les effeuiller pour que le paillis constitué soit à la fois dense, léger et aéré. On ne risque jamais un pourrissement avec un paillis de fougères. On peut aussi récupérer des feuilles mortes de chêne qui fertilisent la terre en se décomposant. On peut, en automne, épandre une bonne couche d’un terreau de feuilles mortes et de tontes. Ça isole du froid et ça fertilise la terre. Les aiguilles de pin sont efficaces l’été pour protéger du soleil et de l’évaporation du sol, mais très peu l’hiver contre le froid.
Peut-on emballer entièrement les plantes frileuses ?
Non, c’est vraiment déconseillé. Si vous devez protéger la partie aérienne d’un arbuste, par exemple un laurier rose ou un camélia, emballez toute la ramure mais laissez le sommet à l’air libre. L’air doit passer quitte à ce que les extrémités de quelques branches gèlent. Si vous encapuchonnez trop un arbuste, il risque fort de pourrir. Si, toutefois, vous tenez absolument à lui coiffer la tête, faites-le avec un voile de forçage mais pas avec un carton épais ou un plastique. Et en plein hiver, profitez des belles journées ensoleillées pour ouvrir les protections et laissez le sujet respirer. Evidemment, en fin de journée, vous devez tout remettre en place.
Pourquoi mettre les plantes en pot dans des caisses à poisson ?
Parce que le froid remontant par le sol, il est utile d’isoler le fond du pot. C’est encore plus vrai si le sol est en dalles ou en béton (comme souvent sur les terrasses). Or, le polystyrène est un excellent isolant. Du coup, en plaçant une plante en pot dans une caisse à poisson, on évite que le gel remonte par le fond et on protège même la paroi du pot, donc la motte. Il suffit de glisser ensuite, entre le pot et la caisse, de la fougère ou de la paille, et d’en mettre en surface pour parfaire le dispositif. A défaut de paille, utilisez des pages de journal (pas de magazine) que vous froissez. Ce papier journal est l’un des meilleurs isolants thermiques déjà utilisé par les anciens.
Pourquoi et quand bâcher les plantes ?
Essentiellement quand il neige ou quand il pleut. En plein hiver, les pluies sont très froides et la nuit cet excès d’humidité gèle. Il est donc possible de bâcher temporairement, quelques jours seulement, une plante fragile.
Au potager, on peut planter des arceaux sur un rang et les couvrir d’une bâche plastique pour former un tunnel de fortune. N’oubliez pas que le niveau de rusticité d’une plante varie toujours en fonction de la nature du sol. Plus il est drainant, plus le froid peut être intense. Moins c’est drainant et moins la plante résistera.
Comment protéger les floraisons précoces des arbres fruitiers ?
D’abord en tenant compte de la précocité des variétés fruitières au moment de les choisir. Il existe quantité de pruniers dans l’est et le nord-est qui ne craignent pas les gelées tardives de ces régions. Ensuite, en plantant à l’abri des vents dominants, surtout venant du nord, car plus le vent souffle et plus la température descend. Enfin, en évitant de planter en plein champ pour préférer des formes à palisser contre un mur orienté vers l’est. En effet, avec cette exposition, les arbres subiront des écarts de température moins importants entre le jour et la nuit. Cette alternance répétée plusieurs fois entre gel et dégel est toujours très mal tolérée. Notez encore que, dans les potagers de qualité, ces murs sont toujours dotés d’une petite couverture de tuiles qui met à l’abri des pluies froides une bonne partie des branches palissées. Ce détail est souvent déterminant pour éviter de perdre des floraisons venues trop précocement.
Pour un châssis on isole à l’intérieur ou à l’extérieur ?
On isole contre le froid toujours à l’intérieur, quitte à poser à l’extérieur, sur les vitres, un paillasson qui prendra le givre. Dans le cas d’un châssis, vous glisserez dedans de la paille autour des plantes. Dans le cas d’une serre froide, vous apposerez un papier bulle (les bulles contre la vitre). Vérifiez le pourtour des ouvertures sans les bloquer. Vous devez pouvoir ouvrir facilement une porte ou un battant pour permettre l’aération (même légère) du local.
Que faire en cas de chute brutale de la température ?
Il suffit que le thermomètre oscille entre -8° et -2°C durant quelques jours seulement pour tout perdre (premiers semis, boutures, jeunes plants, frileuses). Dans ce cas 30 minutes d’un chauffage électrique en début de nuit (vers 21h) permet d’éviter le pire. Pour les formes fruitières palissées on peut tendre une grande toile de jute, ou un double voile de forçage, le long du mur en fin de journée, avant que le froid intense commence à mordre. C’est plus efficace qu’on l’imagine.
Catherine Larenaudie